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Rodéos urbains, incendies, immigration... Gérald Darmanin sur tous les fronts cet été

Gérald Darmanin

Gérald Darmanin - AFP

Le ministre de l'Intérieur n'a pas pris de vacances estivales, il a été omniprésent sur tous les sujets, communiquant à outrance, quitte à commettre des erreurs.

Après un déplacement dans le Jura dans la journée de mercredi, afin de parler des incendies et de la sécheresse en cours, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin enchaîne dans la soirée avec une visite au commissariat de Créteil (Val-de-Marne). Il doit y faire un "point sur l'action de la Préfecture de Police contre les rodéos urbains et sur les saisies d'engins", explique le ministère dans un communiqué.

Cette journée bien chargée est à l'image de l'été passé par le ministre de l'Intérieur, qui est intervenu sur tous les fronts, se déplaçant dans toute la France.

Sur-communication estivale

Le ministre a en effet posté plusieurs dizaines de tweets ce mois dernier, avec parfois plusieurs publications dans la même journée, sur différents sujets, et a effectué des interventions régulières dans les médias, nationaux comme locaux.

Fin juillet il se déplaçait en Corse, puis à Lyon (Rhône) pour l'inauguration d'un Centre de rétention. Début août il était à Marseille (Bouches-du-Rhône) pour accueillir de nouveaux policiers et plusieurs autres déplacements ont suivi sur les territoires en proie aux incendies. Le ministre est apparu en soutien aux pompiers, assurant que des enquêtes sont menées pour connaître l'origine des feux.

Dernièrement, c'est le sujet des rodéos urbains qui occupe ses journées après qu'une enfant de sept ans a été grièvement blessée à Pontoise (Val-d'Oise). Auparavant, le 8 juin à Rennes (Ille-et-Vilaine), un homme de 19 ans était mort après avoir été percuté par une moto. Le ministre est monté au créneau assurant mardi qu'en une semaine, "2914 opérations anti-rodéos" avaient été menées, 338 personnes interpellées et qu'il y avait eu "157 saisies".

Cette omniprésence semble avoir, d'une certaine façon, pesé dans la balance, comme le note Le Figaro. Dans le dernier sondage Elabe pour Les Echos et Radio Classique début août, Gérald Darmanin "enregistre une forte progression (23%, +4)" de son image positive auprès des Français ce malgré "une image moins consensuelle".

Des interventions entachées de revers

Les multiples actions menées par Gérald Darmanin cet été n'ont pourtant pas toujours abouti. Cela avait commencé tôt, dès mai, avec le fiasco du Stade de France, en pleine campagne pour les élections législatives. Le 24 juillet, il assurait qu'un délinquant étranger arrêté à Lyon, après une attaque contre des policiers, allait être expulsé. L'homme avait toutefois été ensuite mis hors de cause, et le ministre s'était attiré les foudres de l'opposition.

Le locataire de Beauvau ne s'était pas démonté pour autant et avait prolongé sa communication sur l'expulsion des délinquants étrangers, annonçant le 30 juillet l'expulsion de 3000 "étrangers délinquants" en deux ans.

Le 29 juillet, il signe lui-même l'arrêté d'expulsion de l'imam Hassan Iquioussen, accusé d'avoir tenu des propos antisémites, sexistes, homophobes et complotistes, remontant pour certains à plus de 20 ans et qui n'ont jamais fait l'objet d'une condamnation pénale. Son expulsion a toutefois été suspendue et est actuellement examinée par le Conseil d'État.

Enfin, alors qu'il voulait que son projet de loi immigration soit étudié à l'Assemblée nationale dès octobre, la Première ministre Elisabeth Borne lui a imposé finalement un "grand débat" sur le sujet, en repoussant de facto l'examen du texte.

"Un laxisme politique"

Ces actions de toutes parts ont en tout cas fait réagir l'opposition, qui a critiqué le manque d'actions pérennes du ministre. Côté rodéos urbains, "cela fait des années que l’impunité règne", écrivait début août sur Twitter le député Les Républicains Julien Aubert, "cela demande une action structurelle, pas une opération temporaire."

"Son bilan c’est un ministre qui veut expulser un seul prêcheur de haine et qui n’y arrive même pas", moque Laurent Jacobelli, député RN de la Moselle, auprès de Libération. "Sur ce cas-là, il n’y a pas de laxisme judiciaire car les magistrats ne font qu’appliquer la loi, mais un laxisme politique."

"Il a le côté très Sarko de 'j'ai confiance et puis j'y vais et on verra'", expliquait au printemps à l'AFP un cadre de la majorité, juste avant le remaniement. Puis d'ajouter : "Il est très cyclique. C'est quand il est dans une phase de très grande confiance qu'il est le plus en danger".

Gérald Darmanin semble en tout cas lancé sur le thème de l'immigration pour la rentrée. Il effectuera à nouveau un déplacement fin août, cette fois à Mayotte, pour parler, entre autres, des moyens supplémentaires pour la lutte contre l'immigration clandestine.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV