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Réforme des retraites: les communistes dénoncent une "forme de maccarthysme" à l'Assemblée

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Les députés communistes ont dénoncé une volonté "d'étouffer" leur "droit de parole" jeudi, alors que le président de l'assemblée nationale voulait supprimer plus d'un millier de leurs amendements.

Le quasi-blocage de l'examen de la réforme des retraites s'est poursuivi dans une ambiance chaotique jeudi à l'Assemblée nationale, entre bataille de procédure conduite par la gauche de la gauche, et noms d'oiseaux fusant dans l'hémicycle. L'un des sujets de discorde principal concerne les 41.000 amendements déposés sur le volet principal de la réforme.

Les députés PCF se sont à nouveau élevés contre la possible disparition d'un millier de leurs amendements, "fait inédit sous la Ve République" selon eux. Ces amendements, placés à différents endroits du texte, devaient tomber au motif qu'ils auraient le même objet.

"Étouffer notre droit de parole"

Dans un communiqué publié jeudi, les députés communistes dénoncent une volonté "d'étouffer notre droit de parole", et une règle "sans fondement légal, mais pire encore inconstitutionnelle". D'après les parlementaires, 1184 amendements déposés par les communistes étaient ainsi menacés de disparaître.

"Nous sommes le seul groupe à subir cette forme de maccarthysme (doctrine anticommuniste, ndlr)", a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, ciblant le président de l'assemblée Richard Ferrand.

En conférence des présidents, ce dernier a finalement décidé de ne plus appliquer la règle contestée sur les amendements ayant le même objet. "Il convient qu'aucun prétexte d'obstruction ne subsiste ni ne porte atteinte à la dignité des débats", a-t-il prévenu, selon des propos rapportés.

Dans leur communiqué, les députés communistes écrivent que le titulaire du perchoir "pris en flagrant délit de violation du droit d'amendement", "n'a eu d'autre choix que de reculer et de réintégrer nos amendements dans la discussion".

Des dizaines de milliers de sous-amendements

Avant le pas en arrière de Richard Ferrand, les communistes et insoumis avaient déjà déployé une nouvelle stratégie, multipliant les sous-amendements sur chaque amendement déposé.

"Il n'y a plus aucun doute sur la volonté d'un certain nombre de groupes d'opposition de ne pas avoir un vrai débat de fond", a affirmé Gilles Le Gendre (LaREM) lors d'une conférence de presse, évoquant "700.000 sous-amendements" annoncés par LFI - ce que l'insoumise Caroline Fiat a démenti. Ils veulent "paralyser notre institution".

"On commençait à bien travailler, chacun faisait des efforts et vous ne répondez pas à nos amendements", a dénoncé Marc le Fur (LR). "Vous venez rallumer des mèches en étant inutilement arrogant", a renchéri Sébastien Jumel (PCF). Communistes et insoumis ont réclamé une suspension des débats jusqu'au municipales. "Les retraites méritent mieux que ce travail bâclé", a lancé François Ruffin (LFI).

Salomé Vincendon avec AFP