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Politique

Rapport Gallois : un choc d’abord pour la gauche

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Jean-Marc Ayrault dira ce mardi ce que le gouvernement retient du rapport Gallois sur la compétitivité, qui prévoit 30 milliards d’allègements de charges pour créer un « choc de confiance » pour les entreprises.

Pour améliorer la santé des entreprises, le gouvernement voulait l’avis d’un grand patron de gauche. Louis Gallois a plus répondu en patron plus qu’en homme de gauche. Ça ne veut pas dire qu’il ait raison (ni tort) sur tout mais le fait est qu’il est acclamé par le Medef et accueilli avec méfiance par les syndicats – c’est un signe. Selon que le gouvernement retiendra beaucoup ou peu de ses idées, on pourra mesurer la part de mise en scène dans l’opération. Le terme de « choc de compétitivité » est abandonné mais c’est une onde de choc qui peut secouer la majorité…

Est-ce que François Hollande et Jean-Marc Ayrault peuvent ne retenir du rapport Gallois que les mesures qui font consensus à gauche – ou en tout cas dans la majorité ?

Difficilement. Sur l’encouragement à l’investissement et la formation, tout le monde est d’accord. Mais au cœur du « pacte » que propose Louis Gallois, il y a le principe d’un blocage des salaires dans l’industrie. Les 10 milliards d’allègements de charges qu’il suggère pour les salariés seraient compensés par un gel de leur revenu. C’est l’effet pervers du débat sur le coût du travail : on tient pour un handicap le fait que nos ouvriers puissent être mieux payés que leurs homologues allemands ! Quoi qu’on pense de l’idée, sauver l’industrie en baissant le salaire des ouvriers, ça n’est pas l’épure d’un programme de gauche.

Ce qui devrait également faire grimacer dans la majorité, ce sont les hausses de TVA et de CSG pour financer les allègements de charges patronales...

L’un des buts de la manœuvre est de faire assumer par Louis Gallois la nécessité d’une hausse de la TVA. Sitôt élu, François Hollande a fait abroger la « TVA sociale » que Nicolas Sarkozy avait fait voter (sur le tard) pour soutenir la compétitivité. Y revenir, même en partie, même sur des secteurs ciblés comme la restauration, c’est un reniement douloureux pour le PS, qui a toujours considéré la TVA comme le plus injuste des impôts. Et c’est encore du pouvoir d’achat en moins pour les salariés. En revanche, L’Elysée refuse toute hausse de la CSG. On va plutôt vers des crédits d’impôts aux entreprises indexés sur l’investissement : une bonne idée qui doit plus à Arnaud Montebourg qu’à Louis Gallois. Et des baisses sur les dotations aux collectivités – la plupart sont détenues par le PS, on imagine d’avance l’ambiance !

Il y a un point du rapport Gallois qui est fermement écarté par le gouvernement, c’est celui relatif aux gaz de schiste. Est-ce que ça va suffire à rassurer les écologistes ?

Pas seulement les écolos : sur cette question, une large partie de la droite fait cause commune avec les Verts et la majorité des socialistes. Mais ce que demande Louis Gallois, ce n’est pas l’extraction des gaz de schiste, envers et contre toute prudence environnementale ; mais des recherches accrues pour permettre l’extraction dans des conditions écologiquement acceptables. Beaucoup de socialistes sont sur cette ligne – qui relève du bon sens. Comme les Verts en font un casus belli, la question de la fracturation hydraulique peut déboucher sur une fracture politique. Pour la trancher, il faudrait un choc de plus. Et celui-là nuirait à la compétitivité de l’entreprise gouvernementale…

Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mardi 6 novembre, cliquez ici.

Hervé Gattegno