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Présidentielle: temps de parole et temps d'antenne des candidats, comment ça marche?

Les principaux candidats déclarés à l'élection présidentielle.

Les principaux candidats déclarés à l'élection présidentielle. - AFP - Montage BFMTV

Depuis le 1er février, de nouvelles règles s'appliquent, qui visent à assurer dans les médias audiovisuels une "équité" du temps de parole et du temps d'antenne à tous les candidats à la présidentielle. Explications.

Lors de la dernière campagne présidentielle, plusieurs médias se sont plaints des difficultés entraînées par le principe d'égalité parfaite du temps de parole entre tous les candidats. Des candidats représentant peu de personnes bénéficiaient en effet de la même exposition potentielle que des personnalités politiques majeures. "Cette règle devait améliorer le pluralisme politique mais a eu tendance à l'amoindrir", explique le CSA, contacté par BFMTV.com.

Cela a donné lieu à un débat parlementaire puis au vote, le 25 avril 2016, d'une loi sur la modernisation des règles qui s'appliquent à la reine des élections. A la suite de cette loi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a modifié ses règles en la matière. C'est désormais l'"équité", et non plus l'"égalité", qui est le maître mot. Plusieurs périodes ont été définies sur les semaines qui précèdent l'élection et de nouveaux principes ont été adoptés. Tour d'horizon.

Qui est concerné?

Les règles fixées par le CSA concernent tous les candidats déclarés à la présidentielle jusqu'à mi-mars. Après le 18 mars, la date butoir de dépôt des parrainages par les élus étant fixée au vendredi 17 mars à 18 heures, et la publication de la liste officielle des candidats au Journal officiel (le 20 mars normalement) cela concernera tous les candidats confirmés. Du côté des médias, les règles s'appliquent aux principales chaînes de radio et de télé, dont 10 chaînes de télévision généralistes, 4 d'information en continu (dont BFMTV) et 10 chaînes de radio, dont la liste figure sur le site du CSA. Les sites d'informations sur le web ne sont pas concernés. 

Temps de parole et temps d'antenne

Pour comprendre les changements à l'oeuvre, il faut d'abord définir les deux critères qui régissent les règles et distinguer "temps de parole" et "temps d'antenne". Le temps de parole désigne les moments où le candidat s'exprime directement, ou qu'un de ses soutiens déclarés s'exprime. Le temps d'antenne, lui, est plus large: il contient l'ensemble des propos relatifs à un candidat sur une antenne. Peu importe alors qui parle: le candidat lui-même, un soutien, un journaliste un éditorialiste ou encore l'invité d'une émission.

  • Il existe deux exceptions, au cours desquelles le temps d'antenne n'est pas comptabilisé: "quand il est fait mention de plusieurs candidats en même temps, et dans le cas d'une mention clairement négative d'un candidat", explique Maxime Daridan, responsable du pluralisme au sein de Nextradiotv, la maison-mère de BFMTV. Et de citer l'exemple de François Fillon: quand celui-ci fait l'objet de sujets qui traitent uniquement de ses problèmes avec la justice, les règles ne s'appliquent pas. 

Equité ne veut pas dire égalité parfaite

L'équité, nouveau concept de base de ces règles, est définie d'après plusieurs critères, comme l'explique Maxime Daridan. Parmi eux, les résultats aux dernières élections, la représentativité dans les sondages, la dynamique de campagne.

Mais aussi, comme l'ajoute le CSA, les réunions publiques et le nombre de personnes qui y assistent, l'activité du candidat sur les réseaux sociaux, la présence locale et nationale ou encore le nombre de soutiens déclarés. "Les critères sont nombreux et croisés", résume le Conseil. 

Quel calendrier

Du 1er février et jusqu'au 18 mars, la règle qui prévaut est celle de l'équité simple. Tous les candidats déclarés doivent bénéficier sur les chaînes de télé et de radios d'une "équité" du temps de parole et du temps d'antenne. 

Après le 18 mars (le 19 ou le 20, en fonction de la date de publication de la liste officielle des candidats) et jusqu'au 9 avril, c'est l'"équité renforcée" qui s'appliquera. L'équité devra alors être respectée dans des conditions de programmation comparables, et c'est une nouveauté. En clair, cela doit permettre d'éviter qu'un candidat jugé moins important soit relégué par exemple aux horaires de nuit. Des tranches horaires ont donc été définies: de 6h à 10h, de 10h à 18h, de 18h à minuit et de minuit à 6h du matin. L'équité doit être respectée au sein de ces différents créneaux. 

Du 10 avril, date de début de la campagne officielle, jusqu'au premier tour, puis pendant l'entre-deux tours, c'est cette fois l'égalité renforcée qui est de mise. Donc une égalité stricte entre les candidats, avec des contraintes horaires.

Un processus transparent

"L'idée c'est que, pour savoir ce qu'il faut faire en temps réel, nous devons savoir où nous en sommes", explique Maxime Daridan. "Donc nous devons fournir un état des lieux à la rédaction régulièrement", ajoute-t-il, précisant aussi être en contact "permanent" avec le CSA.

  • "Nous leur donnons les chiffres une fois par semaine, ensuite plus fréquemment que cela à mesure que l'élection approche. Ce n'est pas un processus secret, ajoute-t-il, nous faisons des relevés que nous fournissons au CSA et que le CSA vérifie", expose-t-il.

Sur le site du CSA, les relevés communiqués sont disponibles par périodes pour l'ensemble des médias concernés. "Les chaînes renseignent le temps de parole et le temps d'antenne sur un logiciel", explique le Conseil, qui valide ensuite ces relevés et en effectue d'autres, au hasard et régulièrement, afin de vérifier les informations qui lui sont transmises. 

Charlie Vandekerkhove