Présidentielle 2022: Anne Hidalgo, une candidature qui ne saurait plus tarder

À l'évidence, la chose ne fait plus un pli pour son entourage. Et même l'appareil du Parti socialiste ne se cache pas. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a arrêté sa décision concernant la présidentielle du printemps prochain: oui, elle sera candidate, ou en tout cas, dans un premier temps, prétendra à la désignation socialiste en vue de l'élection.
"Il n’y a plus de doute à son niveau. Dans sa tête, c’est fait", a d'ailleurs confirmé sans ambage Patrick Kanner, ex-ministre de la Ville et des Sports et actuel patron du groupe PS au Sénat mardi sur France Info.
Une première question, cependant, se pose, la même que celle qui obsède Géronte dans Les Fourberies de Scapin: qu'irait-elle faire dans cette galère? Ce mercredi matin, sur notre plateau, notre éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau, a ainsi listé les difficultés amoncelées autour d'une tentative présidentielle d'Anne Hidalgo:
"La situation est difficile. Elle a été réélue maire de Paris il y a un an – et elle a encore beaucoup de pain sur la planche et des soucis à régler c’est le moins que l’on puisse dire. La gauche, le PS se relèvent à peine de la capilotade dans laquelle les a plongés le quinquennat de François Hollande. Et puis quand on regarde les sondages, la candidature d’Anne Hidalgo dépasse à peine les 6-7%. A peu près le score de Benoît Hamon à la dernière présidentielle."
Sur ce dernier point, ses proches ne s'en font pas, apparemment. Ils ont même une réponse toute trouvée à destination des sceptiques. "Dans son entourage, on estime que ce faible score dans les sondages est dû au fait qu’il y a une incertitude autour de sa candidature. Ils estiment que sa candidature créera un choc qui la fera monter dans l’opinion", poursuit notre éditorialiste.
Un portillon déserté, des choses à se prouver
Selon ce dernier, l'envie d'Anne Hidalgo va sur deux jambes: l'une politique, l'autre plus personnelle. "La dimension politique, c’est de se dire qu’au fond, au Parti socialiste, pour la première fois depuis trois présidentielles, on ne se bouscule pas au portillon pour se présenter", relève Matthieu Croissandeau. Il est vrai qu'à part Stéphane Le Foll, d'ailleurs dépité par la situation comme il s'en est ouvert à Ouest France mardi soir, les figures du mouvement ne semblent ni pressées, ni empressées autour du scrutin à venir. Un vide qu'Anne Hidalgo se proposerait donc de remplir.
De plus, il s'agirait pour elle de se prouver quelque chose. "La seconde raison est plus personnelle. Anne Hidalgo se voit comme une ressuscitée de la politique. Il y a deux ans, elle était donnée perdante aux municipales à Paris, battue d’avance, elle était victime – selon elle – d’un bashing. Et elle a fini par emporter la mairie de Paris pour un second mandat contre toute attente donc elle se vit comme une born-again, une ressuscitée, qui croit en son destin", avance encore notre éditorialiste qui remarque dans la foulée que l'élue de la capitale n'est pas politiquement condamnée à gagner en avril prochain:
"Et son destin, parlons-en. Elle sait que ce sera difficile pour 2022 mais si elle fait un score honorable, ça la place pour 2027."
Aller vite... mais pas trop
Reste à savoir quand cette candidature désormais indubitable, nourrie de calculs politiques et de réflexions intimes, sera annoncée. Ce vendredi, Anne Hidalgo fera justement le déplacement jusqu'aux Universités d'été du Parti socialiste à Blois... "Ce n’est pas là qu’elle officialisera sa candidature, car ça ferait trop étriqué, on ne parlerait qu’au seul peuple socialiste", balaie toutefois Matthieu Croissandeau dans nos studios.
D'autant que son agenda est encore trop riche en impératifs les jours suivants selon lui:
"Ensuite, elle va répartir à Tokyo pour les Jeux paralympiques, rapporter le drapeau. Ensuite, elle sort un livre – Une femme française – le 15 septembre."
Visiblement, certains dignitaires du PS veulent tout de même aller au plus vite. Il y a deux semaines, Le Parisien assurait ainsi qu'Olivier Faure glisserait un appel à sa candidature dans la motion qu'il présentera au congrès organisé à Villeurbanne les 18-19 septembre prochains - soit concomitamment au premier tour de la primaire écologiste et dix jours avant le dénouement de celle-ci. "On est sur une annonce dès septembre", a en tout cas confirmé l'un de ses proches au site du quotidien de la capitale mardi soir.
