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Parti socialiste

Où siégera Martine Froger? L'élection d'une socialiste dissidente divise les rangs PS à l'Assemblée

Martine Froger et Carole Delga dans l'Ariège le 30 mars 2023

Martine Froger et Carole Delga dans l'Ariège le 30 mars 2023 - Lionel BONAVENTURE / AFP

La victoire de la nouvelle députée de l'Ariège Martine Froger contre l'élue Bénédicte Taurine LFI-Nupes met dans l'embarras les socialistes qui hésitent à l'accueillir au sein de leur groupe à l'Assemblée. Les députés insoumis ont déjà fait savoir que la "bienveillance" à son égard n'avait pas sa place au sein de l'union de la gauche.

Une crise dont se serait probablement bien passé le Parti socialiste en pleine lutte contre la réforme des retraites. Après la victoire de Martine Froger dimanche contre la candidate de la Nupes et députée sortante LFI Bénédicte Taurine, la dissidente socialiste cherche une piste d'atterrissage.

"Les choses ne se négocient pas"

Cette élue de l'Occitanie, soutenue par Carole Delga, la présidente de région farouchement anti-Nupes, a demandé à être reçue par Boris Vallaud, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale.

"Nous sommes prêts à la recevoir mais des choses ne se négocient pas", a expliqué Arthur Delaporte, l'un des portes-parole, à l'issue d'une longue réunion des députés socialistes ce mardi matin.

De son côté, l'élue PS Valérie Rabault qui souhaite que Martine Froger les rejoigne évoque "un principe de loyauté".

Panot "pas d'accord" pour sa présence parmi les socialistes

Autant dire que son arrivée est loin d'être actée. Il faut dire que la nouvelle parlementaire a déjà indiqué que "jamais elle ne rejoindrait LFI". "Si le PS ne me veut pas, j'irai ailleurs", a encore avancé l'Ariégoise avant son élection.

Dans les rangs des insoumis, on veut éviter à tout prix que Martine Froger qui a battu une députée insoumise élue dès 2017 et appréciée de son groupe ne rejoigne la Nupes.

"Je ne suis pas d'accord pour qu'une députée qui a fait battre un membre de l'intergroupe siège dans le groupe socialiste", a lancé Mathilde Panot, la patronne des élus LFI à l'Assemblée nationale.

"Ben en fait, c'est pas toi qui décide", lui a répondu la sénatrice PS Marie-Pierre de la Gontrie, peu adepte de l'union de la gauche.

Des "pressions extérieures"

Jean-Luc Mélenchon a de son côté déjà prévenu: "Nous savons à présent, de source électorale sûre, que la 'gauche' de Delga, Cazeneuve et compagnie, ce n'est pas la gauche. C'est assez cher payé. Toute bienveillance sera dès lors mal placée", a écrit le fondateur de LFI sur son blog.

La députée socialiste Valérie Rabault a de son côté jugé que la décision revenait au "groupe qui décide" et non par "des pressions extérieures". Au sein des instances nationales, l'ambiance n'est guère plus sereine.

Malgré l'opposition d'Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, le numéro deux du mouvement Nicolas Mayer-Rossignol compte sur une pétition interne pour faire plier les députés socialistes.

Un siège possible parmi les LIOT

Mais au-delà des bisbilles internes, son éventuelle intégration pourrait abîmer durablement l'alliance de la gauche qui tient après 6 mois à l'Assemblée nationale. En dépit de divergences pendant l'examen de la réforme des retraites en février, la Nupes a fait front commun contre la retraite à 64 ans.

Du côté du groupe LIOT qui a compte dans ses rangs quatre anciens socialistes, dont son collègue ariégois, la porte est grande ouverte.

"Elle pourra défendre ses idées, si elle le souhaite, à nos côtés. Contrairement à d'autres, nous l'accueillerons avec l'ambition de lui faire toute la place qu'elle mérite", ont écrit ces députés.
Marie-Pierre Bourgeois