"Réalisez la détresse sociale", "cache-misère": à l'Assemblée, la Nupes vent debout contre la prime Macron

Plusieurs députés de la Nupes arrivent à l'Assemblée nationale le 28 juin 2022 - EMMANUEL DUNAND / AFP
Rentrer dans le dur. La France insoumise a vivement dénoncé ce lundi soir dans l'hémicycle le refus de la coalition présidentielle d'augmenter le Smic à 1500 euros. La macronie préfère, elle, mettre en place un dispositif de prime, au grand dam des élus de la gauche.
À commencer par Louis Boyard, élu plus jeune député métropolitain le 19 juin dernier.
"On parle de 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, vous avez plus d’un jeune sur 5 qui vit avec le Smic (...). On est en train de débattre pendant plusieurs heures d’une prime que seulement 1 Français sur 5 touchera et à la fin du texte, on compensera même pas l’inflation", a avancé le jeune homme (LFI) de 21 ans ce lundi soir.
"Niveau d'indécence des débats"
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait d'ailleurs prévenu au début de l'examen du projet de loi pouvoir d'achat, annonçant refuser "toute logique de surenchère".
Pas de quoi convaincre Louis Boyard.
"Est-ce que vous vous rendez compte du niveau d’indécence des débats qu’on est en train d’avoir? Est-ce que vous vous rendez compte de la détresse sociale que sont en train de vivre les gens et particulièrement la jeunesse? Par pitié votez cette augmentation du Smic", a encore ajouté l'ancien patron de l'Union nationale lycéenne.
"Qui sait parmi vous ce que c'est que de vivre avec 1200 euros par mois?"
La macronie préfère miser sur la "prime du partage de la valeur", qui devrait permettre de tripler la prime Macron en passant de 1000 euros maximum par salarié, ou 2000 euros en cas d'accord d'intéressement, à respectivement 3000 et 6000 euros.
Parmi les griefs reprochés à la prime Macron, les insoumis soulignent qu'elle n'ouvre la porte à "aucun droit social" – couverture chômage ou vieillesse notamment - et qu'elle ne permet qu'un coup de pouce ponctuel, contrairement à des hausses de salaires considérées comme plus pérennes.
"Qui parmi vous sait ce que c'est de vivre avec 1200 euros par mois ? De ne pas remplir son frigo ? De ne prendre qu'un repas par jour pour pouvoir nourrir ses enfants? (...) Les primes, ce n'est pas la sécurité, les primes c'est un cache-misère, misère que vous ne voulez pas voir et que nous ne connaissez pas", a jugé de son côté le député socialiste Iñaki Echaniz.
"Les salariés seront très heureux de pouvoir bénéficier de primes"
Face à une inflation sans précédent depuis 1987 et une rentrée sociale à très haut risque, la coalition présidentielle, elle, s'est longuement défendue.
"Vous préférez que les salariés ne touchent pas de prime parce qu'ils ne touchent pas suffisamment en salaire. Nous nous préférons que les salariés touchent dès cet été une prime. (...) Ils seront très heureux, eux, de pouvoir bénéficier de primes distribuées par des entreprises", a plaidé Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance (ex-La République en marche).
Autre argument sur les bancs de la majorité: la hausse mécanique du revenu minimum en janvier et en mai, avant une nouvelle hausse en août prochain pour faire face à l'augmentation des prix. Il sera à partir du 1er août à 1310 euros net.
"Je sais ce qu'est une entreprise, pas vous"
Le député Horizons Vincent Thiébaut a lui renvoyé dans les cordes la Nupes, les jugeant trop éloignée du monde de l'entreprise.
"Je suis manager, je sais ce qu'est une entreprise, pas vous. On ne sait pas encore comment se comportera l'année 2023. Dans cette incertitude, que va-t-il se passer (si on augmente les salaires). Non seulement, je ne vais plus recruter mais peut-être même que je vais stopper le recrutement de personnes aujourd'hui en CDD que j'aurais pu recruter en CDI".
Les débats reprendront dans l'hémicycle en fin de journée ce mardi. Parmi les points chauds des prochains jours : le blocage des prix du carburant.