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Budget: le gouvernement fait un pas vers le PS et LR en gelant le budget de l'aide médicale d'État

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La coalition gouvernementale s'est accordée ce 30 janvier sur un gel des crédits pour le dispositif qui permet aux personnes sans-papiers de se faire soigner gratuitement. Le Sénat avait voté en décembre dernier une baisse de 200 millions d'euros tandis que les socialistes demandaient à ne pas toucher à son financement.

Un geste d'équilibre. Les parlementaires LR, macronistes et Modem et PS se sont mis d'accord ce vendredi matin au sein de la commission mixte paritaire, cet organe qui réunit députés et sénateurs, sur l'aide médicale d'État pour le budget 2025.

La coalition gouvernementale s'est accordée sur un gel des dépenses de l'aide médicale d'État (AME), ce dispositif qui permet à des personnes sans-papiers une prise en charge à 100% de la plupart des frais médicaux, hospitaliers et pharmaceutiques.

Une baisse de 111 millions d'euros

Concrètement, avec l'inflation, ce gel correspond à une baisse de 111 millions d'euros sur un budget total de 1.141 millions d'euros. Le Sénat avait voté en décembre dernier une baisse de 200 millions d'euros.

Mais cet acte suscitait de fortes crispations parmi les socialistes comme au sein d'une partie de Renaissance. Soucieux de faire un pas vers la droite mais aussi vers le PS, dont François Bayrou a besoin pour faire adopter le budget, la coalition gouvernementale s'est donc mise d'accord au sein de la commission mixte paritaire sur ce gel.

"C'est une petite victoire pour nous. On peut dire qu'on a obtenu quelque chose sur l'AME", décrypte un sénateur LR qui a suivi de près les débats.

Le Rassemblement national, lui, qui souhaite remplacer l'AME par "une aide d'urgence" est en colère. Le député RN Jean-Philippe Tanguy, membre de la CMP, a ainsi dénoncé auprès de BFMTV.com "un artifice comptable".

Le député La France insoumise Aurélien Le Coq, membre suppléant de ce conclave, se demande de son côté sur X si "c'est l'extrême droite qui gouverne".

"Une faute" pour le PS

Les socialistes avaient fait de leur côté de la baisse des crédits de l'AME un motif de censure. Ils ont cependant voté en faveur de ce gel. "Ça ne coûte pas cher", décrypte un député socialiste.

Les dépenses de l'AME ne vont en effet pas forcément baisser dans la mesure où, même si le budget de l'AME est entièrement consommé en cours d'année, les personnes qui viennent solliciter des soins seront toujours bien soignées.

"Nous demandions le rétablissement des 200 millions d’euros coupés au Sénat. Toute atteinte à l’AME est une faute", tance cependant le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur X.

Mais en coulisse, on affiche pourtant une certaine satisfaction. "Nous avons maintenu l'AME dans son application actuelle", décrypte un sénateur socialiste.

"Pas une bonne piste", pour Retailleau

"Baisser le budget n'est pas une bonne piste", avance de son côté le cabinet de Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, appelant à "limiter le nombre de bénéficiaires" de l'AME.

"On y touchera", avait avancé le ministre de l'Intérieur sur notre antenne le 19 janvier dernier, voyant dans ce dispositif "un encouragement à la clandestinité".

Un rapport publié en décembre 2023 signé par l'ex-ministre de la Santé socialiste Claude Evin et de Patrick Stefanini, un proche de Valérie Pécresse, ne prône pas la disparition de ce dispositif mais une réflexion sur les soins accessibles aux bénéficiaires.

Marie-Pierre Bourgeois