Otages tués au Niger : « On a des questions à poser à François Hollande »

Lors de l'enterrement de Vincent Delory et Antoine de Léocour - -
Après avoir reçu les familles des deux otages retenus au Mali, François Hollande reçoit ce mardi les familles des deux otages tués au Niger en janvier 2011.
Vincent Delory et Antoine de Léocour ont été enlevés Niamey le 7 janvier 2011 par des membres d’Aqmi (Al Qaïda a Maghreb islamique). Ils ont été tués quelques heures plus tard au cours de l’attaque des forces françaises contre leurs ravisseurs, mais aujourd’hui encore, leurs familles cherchent à savoir ce qu’il s’est réellement passé et connaître les causes de la mort de Vincent et Antoine.
Antoine de Léocour est mort d'une balle tirée à bout touchant par l'un de ses ravisseurs. Mais les zones d’ombre sont plus nombreuses concernant la mort de Vincent Delory, brûlé sur les deux tiers du corps et qui présentait cinq plaies par balles. L’une d’elle pourrait être française, mais aucune n’est mortelle, dit la thèse officielle que conteste le professeur Gromb. Dans son rapport, le légiste explique que ces balles sont « potentiellement mortelles », l’une d’entre-elles (dans le thorax) pouvant « avoir contribué au décès. »
« Une page qu’on n’arrive pas à tourner »
Annabelle Delory, la sœur de Vincent, attend beaucoup de cette rencontre avec François Hollande. « Il y a un certain nombre de choses qu’on veut lui dire, témoigne-t-elle sur RMC. On veut déjà lui rappeler les promesses que son prédécesseur a fait en 2011, sur le fait qu’on aura accès à toute la vérité, qu’il y aura une transparence totale sur ce dossier, et lui rappeler que ces promesses n’ont toujours pas été concrétisées. On a besoin d’avoir la vérité. C’est une page qu’on n’arrive pas à tourner, on n’arrive pas à aller de l’avant, parce qu’on ne comprend pas. C’est un peu comme si ce qu’il s’est passé en janvier 2011 n’avait pas eu lieu, c’est comme s’il mourrait une deuxième fois. C’est difficile à accepter. »
« Tellement de zones d’ombre, de mensonges, de manque de transparence… »
Pour Gilles et Jacqueline, les parents de Vincent, c'est l'occasion d'enfin pouvoir poser leurs questions au chef de l’Etat. « C’est long, c’est horrible, on y pense jour et nuit, on ne pense qu’à ça. On va devenir fous si on ne sait pas la vérité », explique le père de famille.
« Ça fait 21 mois qu’on attend le rendez-vous, on a des questions à lui poser, ajoute Jacqueline. Il y a tellement de zones d’ombre, de mensonges, de manque de transparence… Comment Vincent a été tué ? Pourquoi sont-ils intervenus ? Les médecins légistes qui ont pratiqué les autopsies n’étaient pas d’accord sur les conclusions du décès... »
« On nous a dit qu’il y avait une instruction en cours. Le problème, c’est que l’instruction n’est orientée que sur le terrorisme ; il n’y a absolument aucune enquête sur le décès de Vincent. Pour moi, on ne cherche pas et on ne veut pas chercher ce qu’il s’est passé », conclut Gilles. Il espère maintenant qu’il en saura un peu plus en sortant de son entretien avec le président de la République.