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Politique

Obama-Poutine : un air de guerre froide intéressant pour les deux présidents

Barack Obama se rendra tout de même au G20 en Russie.

Barack Obama se rendra tout de même au G20 en Russie. - -

Barack Obama a annulé sa rencontre avec Vladimir Poutine après la décision de la Russie d’accorder l’asile à Edward Snowden. Une façon pour le président américain de montrer sa force, et pour le président russe de cultiver l’anti-américanisme.

Comme un air de guerre froide. Le président américain Barack Obama a annulé sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine prévue en septembre prochain en Russie, en marge du sommet du G20 à cause de la décision jugée « décevante » de Moscou d'accorder l'asile à Edward Snowden.
Le président américain a confirmé qu'il se rendrait tout de même au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, début septembre, et Vladimir Poutine s'est dit « déçu » par l'annulation de cette rencontre, tout en soulignant que l'invitation adressée à Barack Obama demeurait valable.
Edward Snowden, ancien consultant des services secrets américains, est à l'origine des révélations sur la vaste surveillance des télécommunications à travers le monde par les services de renseignement américain. Les Etats-Unis demandent l'extradition d'Edward Snowden afin de l'inculper pour espionnage notamment, mais la Russie lui a accordé l’asile temporaire. Pour plusieurs spécialistes de la géopolitique, cette affaire est pourtant bénéfique pour les deux pays.

« C'est "bas les masques" »

Selon Thomas Snégaroff, directeur de recherche à l'IRIS, spécialiste des Etats-Unis, la décision d’Obama d’annuler la rencontre est « un tournant » dans les relations russo-américaines « dans la mesure où c’est rendu public. Mais s’il y avait un vrai tournant, il faudrait le dater il y a une année, car ça fait un an que les relations sont régulièrement tendues entre les deux pays, notamment autour des Droits de l’Homme. Là, je crois que quelques jours après le statut temporaire accordé par Poutine à Snowden, c’est un peu "bas les masques", les tensions étouffées depuis quelques mois sont rendues publiques ». Et pour le président américain, c’est aussi signe envers son électorat. « Barack Obama change un petit peu de braquet et veut apparaître comme un leader fort, viril, capable de dire non à Poutine. Ce n’était pas quelque chose à laquelle on était habitués depuis son élection en 2008 ».

« Une manière pour Vladimir Poutine de montrer qu

Si Vladimir n’aura pas sa rencontre en tête à tête avec le président américain, il n’aura pas tout perdu pour autant. « D’une certaine manière c’est un succès car il y a aujourd’hui un sentiment de confiance de la part de Vladimir Poutine et du Kremlin et toujours une aptitude du Kremlin à cultiver l’anti-américanisme toujours très profond dans la société russe », estime Thomas Gomart, directeur du centre Russie à l'Ifri (Institut français des relations internationales). « Washington reste une forme d’obsession stratégique pour Moscou. L’affaire Snowden est une manière pour Vladimir Poutine de montrer qu’il ne plie pas, à la différence des Européens, devant les injonctions américaines, et c’est une source de popularité pour lui en Russie ».

Mathias Chaillot avec Victor Joanin