Nouvelle carte à 13 régions: les principales crispations

Manifestation contre la réforme des régions le 13 décembre 2014 à Strasbourg. - Patrick Hertzog -AFP
C'est fait... mais pas vraiment terminé. Le Parlement a adopté définitivement mercredi par un ultime vote de l'Assemblée la nouvelle carte de France à 13 régions. La réforme devrait entrer en application dès la fin de l'année 2015, après les élections régionales.
Dans chaque région, un chef-lieu provisoire sera fixé en 2015 par décret du gouvernement. Quant au nom de la région, il sera proposé par chaque conseil régional et validé par le Conseil d'Etat avant le 1er juillet 2016. D'ici là, les débats vont faire rage, d'autant que le Front de gauche, les radicaux de gauche, les écologistes, l'UMP et l'UDI ont voté majoritairement contre le texte.
Les fusions qui font débat
La carte votée n'a pas manqué de faire réagir un peu partout dans l'Hexagone. Au premier rang des mécontents, l'Alsace est en colère d'être mariée de force à la Lorraine et à Champagne-Ardenne. Elle craint de perdre ses avantages comme le droit local, le concordat et un système de protection sociale à part. Plusieurs manifestations contre cette fusion ont d'ailleurs réuni des milliers de personnes en Alsace ces dernières semaines et le sénateur UMP André Reichardt a annoncé qu'il déposerait un recours devant le Conseil constitutionnel au nom des parlementaires UMP.
Le cas de la fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie ne fait pas non plus que des heureux. Le député PS Olivier Dussopt, rapporteur du texte en janvier, s'est déclaré "évidemment réservé" sur ce cas dans Le Parisien et Martine Aubry, la maire socialiste de Lille, y est absolument défavorable. De nombreuses protestations se font entendre aussi en Bretagne, où des militants réclament un retour à la Bretagne historique qui inclurait la Loire-Atlantique. Or, ce département restera a priori dans la région Pays de la Loire. Fin septembre, entre 13.000 et 40.000 personnes avaient manifesté à Nantes pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
Des débats qui ne sont pas tranchés définitivement puisque, entre 2016 et 2019, un "droit d'option" sera ouvert pour qu'un département puisse changer de région, sous conditions.
La guerre des capitales
Lille ou Amiens? Strasbourg, Nancy ou Metz? Montpellier ou Toulouse? La question des préfectures et des sièges des conseils régionaux se pose dans de nombreuses régions. Dans un premier temps, et excepté pour l'Alsace, le "chef-lieu" sera désigné par décret. Désormais, chacun essaie de peser de tout son poids pour gagner la bataille.
Certaines villes sont déjà sûres de perdre leur titre, comme la capitale auvergnate Clermont-Ferrand, qui devra s'effacer face à Lyon alors que la ville a inauguré un hôtel de région flambant neuf au printemps. D'autres, en revanche, sont sûres de gagner: Strasbourg a d'ores et déjà été désignée comme le siège de la future préfecture de région le 20 novembre, et entend bien accueillir aussi le conseil régional. Le maire de Nancy, Laurent Hénart, estime dans Le Parisien que "l'Etat a fait une erreur majeure en choisissant, depuis Paris, la ville chef-lieu".
Dijon et Besançon sont aussi en concurrence. Dijon, la plus grande, est favorite mais les deux villes pourraient se répartir préfecture de région et capitale régionale. En Normandie, toujours présentée comme le mariage consentant de cette réforme, se pose aussi la question: la capitale sera Rouen de Laurent Fabius, ou Caen d'Hervé Morin?
Le casse-tête des noms
Sept grosses régions seront concernées par les changements de nom. En tête des super-régions qui seront difficiles à nommer: Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine et Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Pour cette dernière, France 3 a lancé un sondage très ouvert: parmi les choix, Austrasie, Champloral, Carla, Chalor ou... Alloc!
Les débats sont déjà ouverts aussi dans le sud, alors que le président de la région Languedoc-Roussillon, Damien Alary s’est dores et déjà prononcé pour "Sud de France" quand son homologue de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, préférerait "Pyrénées-Méditerranée", selon le magazine Objectif Languedoc-Roussillon.
Dans un premier temps, la réforme propose que les noms des régions soient juxtaposés par ordre alphabétique. On obtiendrait donc des régions aux doux noms de Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Auvergne-Rhône-Alpes ou Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées par exemple. Pas très pratique mais cela permettrait d’attendre la décision des élus, après les élections régionales de l’hiver 2015.