Sevran: démission du maire Stéphane Gatignon qui dénonce le mépris de l'Etat pour les banlieues

Stéphane Gatignon, maire de Sevran, ici en janvier 2014 dans son bureau. - Patrick Kovarik - AFP
"En novembre 2012, j’ai mené une grève de la faim" rappelle Stéphane Gatignon au Monde. "Cette action extrême montrait qu’à ce moment-là j’y croyais encore. J’avais dit, en y mettant fin au bout de six jours, que je démissionnerai le jour où je n’y croirais plus. Nous y sommes". Le maire de Sevran en Seine-Saint-Denis jette l'éponge 17 ans après sa première élection. Devenu au fil du temps le porte-parole des villes de banlieue, connu pour ses coups d'éclats, Stéphane Gatignon a démissionné mardi de ses fonctions, "usé" par le "mépris de l'État pour les banlieues".
"Je suis usé par la fonction et par les blocages qui viennent d'en haut. (...) Ca fait 17 ans que je suis maire. Il faut de la niaque, se battre. J'avais dit que quand je n'aurais plus de jus, j'arrêterais. Voilà, c'est le moment".
Un rapport Borloo
Figure locale d'Europe-Ecologie-Les -Verts (EELV), aujourd'hui membre de l'UDE - Union des écologistes - Stéphane Gatignon avait apporté son soutien à Emmanuel Macron lors de la dernière présidentielle. Sa démission intervient à quelques semaines de la publication d'un très attendu "rapport Borloo" pour les quartiers, commandé à l'ancien ministre de la Ville par le gouvernement.
"Il y a de plus en plus une vision de la banlieue qui est lointaine de la part des gouvernants", a déploré Stéphane Gatignon, fustigeant le "mépris" de l'Etat. Dans les quartiers, "on est à 30-35 % de gens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté", a-t-il rappelé, "pourtant les gens se battent, ça bosse, c'est la démerde, mais ça peut pas continuer comme ça. Il faut avancer". "Ce qui se passe en banlieue, ce monde parallèle, il arrange beaucoup de gens, a-t-il ajouté, "ça ne peut pas durer".
Les maires de banlieue montent au créneau
Cette démission est "un échec" pour Stéphane Gatignon, analyse Christophe Barbier sur BFMTV. "Ca ne marche pas en banlieue malgré les milliards dépensés, c'est peut-être que sa conception de la banlieue n'est pas la bonne, en tout cas imparfaite", pointe l'éditorialiste de BFMTV.
Un constat qui n'est pas partagé par les élus. Mardi soir, le hastag #noussommestousGatignon, est apparu sur les réseaux sociaux, tweeté par Philippe Rio, maire PCF de Grigny (Essonne) et Catherine Arenou, maire LR de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). "Nous, maires de banlieue, connaissons la violence, la misère et la relégation. Nous savons lutter contre. Cependant, nous ne tolérons pas le mépris du Gouvernement #noussommestousGatignon", a écrit Catherine Arenou.