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Politique

Mali : Hollande prêt pour une intervention militaire

A Gao, un groupe d'islamiste armés fait des rondes.

A Gao, un groupe d'islamiste armés fait des rondes. - -

François Hollande souhaite que l'ONU vote rapidement une résolution permettant une intervention militaire au Mali, contrôlé en partie par des groupes islamistes. Mais de nombreux obstacles risquent de retarder cette intervention, alors que des experts craignent l'implantation durable de ces groupes.

Faut-il intervenir militairement au Mali ? François Hollande a réaffirmé mardi sa volonté de soutenir une action militaire dans ce pays dont le nord est contrôlé depuis juin par des forces militaires salafistes, proches d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), et qui veulent instaurer la charia (la loi islamique). Le président français s’exprimait après avoir reçu à Paris Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'ONU. La France est prête à voter une résolution aux Nations Unies sur une intervention militaire africaine sur place. Intervention qu'elle soutiendra sur les plans « logistique », « politique » et « matériel », a souligné François Hollande. En clair, il n’y aurait pas de soldats français au front.
Le chef de l'Etat a précisé que l'adoption de cette résolution « peut se faire dans un délai court ». Pour l'intervention elle-même, « c'est aux Africains de s'organiser pour qu'elle ait lieu rapidement et efficacement ». Ce qui suppose la création d’une armée réunissant les forces de différents pays ouest-africains. Mais sur la quinzaine de pays d'Afrique de l'Ouest, seuls trois sont vraiment convaincus de la solution armée. Des troupes qu'il faudrait en plus équiper, et former, ce qui pourrait prendre des mois.

« Une sorte d’Afghanistan, comme à l’époque des Talibans »

François Hollande souhaite par ailleurs que d'autres pays européens viennent prêter main forte à la France dans son appui logistique, mais après les difficultés diplomatiques sur le dossier libyen, il apparaît difficile de solliciter une nouvelle fois des alliés.
Et pourtant, il y a urgence, selon le journaliste Jean-Dominique Merchet, journaliste, animateur du blog Secret Défense : « La communauté internationale se rend bien compte qu’on ne peut pas laisser s’installer là, en plein cœur de l’Afrique, une sorte d’Afghanistan, comme à l’époque des talibans. Ce sont des refuges pour les terroristes, ça déstabilise les Etats de la région. Il faut aider les Etats de la région à contrôler leurs territoires. Il en va, selon moi, de la responsabilité collective ».

« La sphère d’influence islamique risque de grandir »

Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique et ancien directeur de la Lettre du Continent, rappelle que la mise en place d’une opération militaire internationale prendrait beaucoup de temps. Et selon lui le temps presse : « Sur place, la sphère d’influence islamique risque de grandir. Ce qui peut empirer, ce ne sont pas vraiment les mouvements d’Aqmi qui détiennent 6 otages français [quelque part au Mali ou en Mauritanie, NDLR]. Le problème, ce sont les autres mouvements d’islamistes radicaux, beaucoup plus implantés dans la région et dans les populations locales. Ils peuvent recruter beaucoup de jeunes désœuvrés au Nord-Mali et un certain nombre d’entre eux, installés à Bamako, pourraient monter dans le nord ». Conscientes de ces risques, les autorités maliennes espèrent qu’une résolution sera rapidement adoptée par les Nations-Unies.

La Rédaction avec Benjamin Smadja