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Magistrats et policiers nantais solidaires face à Sarkozy

Les magistrats nantais, soutenus par les policiers, ont suspendu jeudi pour une semaine au moins leurs audiences pénales et civiles pour protester contre les "sanctions" promises par Nicolas Sarkozy après l'affaire Laëtitia. /Photo d'archives/REUTERS/Stép

Les magistrats nantais, soutenus par les policiers, ont suspendu jeudi pour une semaine au moins leurs audiences pénales et civiles pour protester contre les "sanctions" promises par Nicolas Sarkozy après l'affaire Laëtitia. /Photo d'archives/REUTERS/Stép - -

Les magistrats nantais, soutenus par les policiers, ont suspendu jeudi pour une durée indéterminée leurs audiences pénales et civiles pour protester contre les « sanctions » promises par Nicolas Sarkozy après l'affaire Laëtitia.

Le président français a promis des sanctions pour ce qu'il considère comme des dysfonctionnements dans le suivi judiciaire et policier de Tony Meilhon, soupçonné du meurtre de Laëtitia Perrais dans la région nantaise.

Peu après le discours de Nicolas Sarkozy à Orléans, les magistrats du Tribunal de grande instance (TGI) de Nantes ont annoncé leur grève illimitée. Seules les audiences urgentes sont maintenues. « Le chef de l'Etat recherche des boucs émissaires mais ces dysfonctionnements sont en lien avec le manque de personnels pénitentiaires et de juges d'application des peines », a dit Jacky Coulon, secrétaire de la section locale de l'Union syndicale des magistrats (USM).

«Nous sommes scandalisés et révoltés»

« Nous sommes scandalisés et révoltés » ajoute ce juge d'instruction, « alors que les magistrats essaient de faire leur travail avec une pénurie de moyens depuis des années et des années, après avoir tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention sur le manque de moyens (…) on vient les accuser d’avoir participé à la commission d’un crime ».

Faute d'effectifs, et avec l'accord écrit de leur hiérarchie, les agents du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) de Loire-Atlantique avaient abandonné en 2010 le suivi socio-judiciaire de plus de 800 détenus condamnés pour des délits mineurs. Le service de probation ne comptait que 17 agents pour suivre 3.300 personnes et Tony Meilhon, mis à l'épreuve dans le cadre d'un outrage à magistrat, n'était pas considéré comme dangereux.

La police est elle mise en cause pour ne pas avoir porté à la connaissance de la justice sept plaintes déposées contre Tony Meilhon, dont une pour viol. Selon Jacky Coulon, la suspension des audiences a été décidée par un « mouvement spontané, en-dehors des organisations syndicales ».

« À chaque fait divers tragique, on cherche le policier ou magistrat responsable »

« Il y a une solidarité entre magistrats et policiers », a ajouté à ses côtés José Lhinares, secrétaire régional du syndicat de policiers Synergie Officiers. « Chaque fois qu’il y aura un fait divers tragique on recherchera le policier, le gendarme ou le magistrat responsable » constate-t-il. « Dans un monde parfait, avec des moyens pour tout le monde, le dossier Meilhon aurait pu être traité différemment. Mais après avoir voté des lois, il faut donner les moyens de les appliquer, ce qui n'est pas le cas ». Pour José Lhinares, « ce qui est reproché aux fonctionnaires de police, c’est de ne pas avoir eu l’intuition, la révélation, de faire un traitement différencié eu égard à la personnalité de Tony Meilhon alors que nous n’avions rien qui nous prédisposait à imaginer qu’il allait faire le pire par la suite ».

Le Syndicat de la magistrature accuse le ministère de la Justice d'avoir sciemment décidé de ne pas pourvoir le poste manquant de juge d'application des peines, citant plusieurs courriers entre les services et leur hiérarchie. Un quatrième juge d'application des peines a finalement été affecté une semaine après la disparition de Laëtitia Perrais.