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Les sous-titres de l'échange entre Mélenchon et Philippe

Jean-Luc Mélenchon s'adressant à Edouard Philippe.

Jean-Luc Mélenchon s'adressant à Edouard Philippe. - BFMTV

A l'Assemblée nationale, le Premier ministre a dû s'expliquer devant les présidents de groupes parlementaires de l'opposition, remontés au sujet de l'affaire Benalla et des manquements qu'ils attribuent à l'exécutif. Au milieu de ces débats houleux, Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon ont discuté du concept de vertu et de sa "profondeur historique".

Au terme de la séance de questions au gouvernement, qui s'est ramené en fait à une session où les présidents de groupes parlementaires ont interpellé le Premier ministre au sujet de l'affaire Benalla, à l'exception du président du groupe La République en marche qui a préféré parler du calendrier des débats sur la réforme constitutionnelle, Jean-Luc Mélenchon s'est levé. Le président du groupe "La France insoumise" a introduit son propos par une comparaison semblant peindre la Ve république dans les tons crépusculaires de l'Ancien régime:

"Ici, nous travaillons en pleine lumière les uns sous le contrôle, vigilant, des autres. C’est pourquoi, je suis certain que le moment venu, si on lui pose la question, le peuple préférera toujours une république parlementaire à l’obscurité d’un monarque."

Prenant ensuite acte que les "faits (étaient) avérés", Jean-Luc Mélenchon a enchaîné: "Puisque les fautes sont avérées, quelles mesures, quelles sanctions politiques comptez-vous prendre autour de vous pour que la vertu soit rétablie dans l’Etat ?"

La vertu et la virtus 

Avec un sourire entendu, Edouard Philippe a alors entrepris de répondre à son interlocuteur: "La vertu dans l’Etat, la vertu dans l’Etat! C’est un sujet passionnant, passionnant! Un sujet d’une profondeur historique exceptionnelle et une charge morale très forte, une charge opérationnelle non-négligeable!" Il a encore poursuivi: "Au nom de la vertu dans l’Etat, monsieur le président Mélenchon, jusqu’où a-t-on été? Au nom de la vertu dans l’Etat? Alors, bien sûr, il y avait la vertu romaine, la virtus, elle était une composante essentielle de la République."

"Mais vous savez comme moi, monsieur le président Mélenchon, que la démocratie s’est trouvée fortifiée et raffermie lorsqu’elle ne s’est plus posée la question de la vertu mais bien celle du respect du droit, de la procédure et qu’elle a sorti cette dimension de son fonctionnement", a avancé le chef du gouvernement. 

Le sous-texte d'Edouard Philippe 

Edouard Philippe n'a pas précisé à quoi il faisait référence en prêtant des crimes à la vertu dans l'Etat lors de sa réplique à Jean-Luc Mélenchon, lui-même auteur d'ailleurs d'un ouvrage intitulé De la vertu. Ce terme moral, dérivé effectivement de la virtus romaine, désignant dans les temps modernes un comportement moral et droit notamment dans les affaires publiques, est devenu un concept politique, abondamment utilisé pendant la révolution française.

Elle était notamment au centre des discours de Maximilien de Robespierre, député de la Convention et membre du comité de salut public, régulièrement associé à l'épisode de la Terreur bien qu'il ne l'ait pas personnellement dirigé. 

C'est sur ce sous-texte que s'appuyait Edouard Philippe. 

Robin Verner