Sarkozy sur écoute: "la profession des avocats dit stop"

Eric Dupond-Moretti - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Plusieurs centaines d'avocats ont rejoint lundi le mouvement de protestation contre les écoutes de Nicolas Sarkozy et de son conseil Thierry Herzog, mais ceux qui réclament une évolution de la loi se sont heurtés à une fin de non-recevoir du gouvernement. C'est dans ce contexte que l'avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti était l'invité, mardi matin, de BFMTV et RMC. Voici ce qu'il ne fallait pas rater de son interview:
# Coup de gueule: "nous ne sommes pas en dessous des lois"
"Je suis abasourdi par les déclarations de la Garde des Sceaux [Christiane Taubira] quand elle nous accuse de vouloir l'impunité. Nous dénonçons un abus de pouvoir. Nous ne sommes pas au-dessus des lois, mais nous ne sommes pas en-dessous non plus", s'est d'abord agacé Eric Dupond-Moretti.
La garde des Sceaux Christiane Taubira s'est dite, lundi, opposée à une nouvelle loi encadrant les écoutes. "Je ne peux pas défendre l'idée d'assurer l'impunité à un citoyen parce qu'il exerce une profession", a-t-elle déclaré, en rappelant les bornes déjà édictées en la matière par la loi et la jurisprudence.
Après plusieurs attaques sur son secret professionnel, "la profession dit simplement stop", a répondu Eric Dupond-Moretti. "Chez Poutine, si on écoutait les avocats on crirait au scandale", a encore fustigé l'avocat pénaliste.
# Le tacle: "les juges ne se comportaient pas comme ça"
"ll y a 20 ans, les juges ne se comportaient pas comme ça. Nous sommes à l'évidence dans la dérive", a asséné Eric Dupond-Moretti. "Il faut qu'on légifère" sur cette question.
"Le cabinet d'un avocat doit être un sanctuaire. Demain si vous divorcez, vous me confiez vos intérêt. Je dois être le seul à savoir ce que vous me confiez. Et si votre jardinier nous enregistre et on se sert de ça... Mais dans quel pays vit-on?", a-t-il encore insisté. "Mon cabinet doit être un sanctuaire et non l'annexe du juge d'instruction".
# Dans le viseur: la police et ses liens avec les "journalistes complaisants"
Pendant de longs mois, Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy ont été écoutés. "Dans ce cadre là, chaque fois que Nicolas Sarkozy appelle Me Thierry Herzog, ou que Thierry Herzog appelle Nicolas Sarkozy, la police écoute, moi je dis: la police retranscrit. Et je dis, que dès qu'ils peuvent, ils filent à quelques journalistes complaisants le résultat de ses travaux", a également accusé Eric Dupond-Moretti, ajoutant: "le lendemain, de la perquisition du domicile de Me Herzog, la presse a diffusé la photo de son domicile personnel, en indiquant qu'une perquisition avait eu lieu. A votre avis qui a prévenu les journalistes?"