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"On ne savait pas à qui allait aller l'argent": de nombreux élus LR ne paient pas leur contribution, le parti appelle à des "régularisations"

Le logo du parti Les Républicains (photo d'illustration)

Le logo du parti Les Républicains (photo d'illustration) - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le nouveau trésorier de LR Pierre Danon a envoyé une lettre aux parlementaires du parti pour leur demander de "régulariser leur situation". S'ils n'avaient pas forcément connaissance de ce courrier, plusieurs élus contactés par BFMTV n'étaient pas surpris.

C'est un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d'euros: au parti Les Républicains, environ 50% des parlementaires ne sont pas à jour de leur contribution pour l'année de 2025, selon les informations de la newsletter "Playbook Paris" de Politico, confirmées par BFMTV.com ce jeudi 19 juin.

Le nouveau trésorier de LR, Pierre Danon, nommé à la suite de l'élection de Bruno Retailleau le mois dernier, a ainsi écrit aux différents élus pour leur demander de "régulariser" leur situation.

"C'est classique"

Autrement dit, les personnes concernées sont appelées à s'acquitter d'une contribution de 5% de leurs revenus auprès de la formation de droite, comme le prévoient les statuts du parti.

Pour LR, cela représente une somme non-négligeable à un peu moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. Si ses quelque 160 sénateurs et députés lui donnaient cette participation, le parti récupérerait environ 600.000 euros par an, calcule Politico.

Auprès de BFMTV.com, l'entourage de Bruno Retailleau confirme l'existence de ce courrier. "C'est classique de recevoir cette relance. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas adhérents. Il y a l'adhésion (30 euros par an, NDLR) et la cotisation élu qui représente un coût plus important", nous dit-on.

LR "ne nous a pas donné un centime"

Face à ces retards de paiement, les différents élus LR contactés par BFMTV.com ne sont pas tombés de leur chaise.

L'un d'eux avance deux raisons à la situation actuelle. D'abord, l'alliance de l'ancien patron du parti, Éric Ciotti, avec le Rassemblement national à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024.

"On n'avait pas de président, donc on ne savait pas à qui allait aller l'argent", explique-t-il, alors que le député des Alpes-Maritimes est resté à la tête LR pendant plusieurs mois, même si les cadres du parti cherchaient à l'exclure.

La deuxième explication vient des élections législatives anticipées qui ont suivi la dissolution. LR "ne nous a pas donné un centime", souligne ce même élu.

Une autre députée note que cette situation s'était déjà produite lors de l'échéance précédente, en 2022. "Habituellement, le parti nous aide aux législatives. Cette fois, ce n'était pas le cas. En retour, un certain nombre de parlementaires ont estimé qu'ils n'avaient pas à contribuer", explique-t-elle.

Une absence de fonds qui s'explique par la Bérézina historique à la présidentielle de 2022. Le parti n'avait pas obtenu de remboursement de ses frais de campagne, n'atteignant pas le seuil fatidique des 5%. Un appel aux dons avait donc été mis en place pour réussir à boucler le budget, récoltant plus de cinq millions d'euros.

Le retour de l'optimisme avec la montée en puissance de Retailleau

Si ces différents éléments ont pu nourrir "une forme de colère" dans les rangs parlementaires de la droite, l'heure est à l'optimisme. Un nom revient régulièrement: celui de Bruno Retailleau.

Le ministre de l'Intérieur et patron de LR est en pleine ascension depuis plusieurs mois, au point qu'il se retrouve parmi les candidats potentiels pour l'Élysée. Dans le même temps, sa formation reprend des couleurs, une tendance confirmée dans différentes élections partielles récentes.

Conséquence directe: la marque LR reprend de la valeur. Et d'aucun ne doute que cette évolution conduira certains élus à verser leur contribution.

Baptiste Farge