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Politique

Les heures supplémentaires ne seront plus défiscalisées

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Dans les entreprises de plus de 20 salariés, les heures supplémentaires ne seront plus défiscalisées : le gouvernement l'a annoncé ce mercredi. Un manque à gagner pour certains salariés, essentiellement dans le bâtiment. « Maintenant, il faut travailler plus pour gagner moins », déplore un ouvrier.

C'en est fini de l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, le fameux « Travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy. Jusqu'ici, dans une entreprise de plus de 20 salariés, ceux-ci pouvaient effectuer des heures supplémentaires exonérées d'impôts. Le gouvernement l’a annoncé ce mercredi : les exonérations seront maintenues uniquement dans les entreprises de moins de 20 salariés.
L'Etat compte sur 980 millions de recettes en 2012 et 3 milliards en 2013. La suppression de l'exonération de l'impôt sur le revenu des heures supplémentaires sera traitée dans le budget 2013. Selon le Premier ministre, cette exonération décourageait la création de nouveaux emplois.
Plus de 9 millions de salariés effectuent actuellement des heures supplémentaires non soumises à cotisations sociales. Quatre salariés sur 10, qui font régulièrement des heures supplémentaires, sont des ouvriers. Ils travaillent essentiellement dans la construction et la métallurgie. Ce sont eux qui verront la différence à la fin du mois : l'UMP y voit un manque à gagner de 500 euros par an. Un chiffre rectifié par le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, qui estime la perte à 300 euros par an.

« On va perdre 70 euros par mois environ »

Mouloud est couvreur sur un chantier du 11ème arrondissement. Comme tous les salariés du bâtiment, il fait beaucoup d'heures supplémentaires : « 17h par mois, ça représente plus de 200 euros. C’est très intéressant quand même ! Mais s’il faut payer des cotisations, je ne les ferai pas. On va perdre de l’argent : 70 euros par mois environ. » Même incompréhension du côté de Salim : « Avant, ils disaient "travailler plus pour gagner plus". Maintenant c’est travailler plus pour gagner moins ! »

« Ça ne me coûte pas à moi, ça coûte à mes salariés »

Jusqu’ici, cette exonération bénéficiait surtout aux salariés. Pour les employeurs, seuls 50 centimes d'euro étaient déduits par heure supplémentaire. Patrick Pecoraro est entrepreneur : « Cette exonération, pour nous, ça ne change pas grand-chose. Ce mois-ci, on a une exonération de charges de 200 euros. Ça ne me coûte pas à moi, ça coûte à mes salariés. » En revanche, précise-t-il, « on ne va pas leur supprimer leurs heures supplémentaires. On a besoin que notre personnel soit content de travailler chez nous, pour un salaire décent. »

« La majorité des entreprises n’embaucheront pas »

Daniel Taravella est président de la Fédération française du bâtiment des Yvelines, lui-même patron d'une entreprise. Selon lui, cette mesure ne va pas générer d’embauches dans les entreprises : « Actuellement, les entreprises du bâtiment tournent sur un horaire régulier de 39h, du 1er janvier au 31 décembre. Ce n’est pas parce qu’on supprimerait les heures sup' que cela va conduire à embaucher du personnel. Sur un chantier, on ne peut pas embaucher le quart ou la moitié d’un homme pour compenser la perte des heures supplémentaires. C’est une lubie. Aujourd’hui les entreprises se font un point d’honneur à conserver leur personnel propre. La majorité des entreprises conserveront les heures sup', mais n’auront pas recours à des embauches supplémentaires. »

La Rédaction, avec Aurélia Manoli et Antoine Perrin