"Les critiques ont le droit d'être prononcées": pour Bardella, les députés doivent pouvoir traiter le RN de parti xénophobe
A qui la faute? Bruno Le Maire et le Rassemblement national se renvoient la balle après qu'Alexandre Loubet, député RN de Moselle, a traité le ministre de l'Économie de "lâche" lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mardi.
"C'est à Bruno Le Maire de présenter ses excuses aux Français", a réaffirmé Jordan Bardella sur BFMTV ce mercredi.
Alors qu'Alexandre Loubet avait reproché au ministre ses réponses floues sur l'état de l'industrie en France, Jordan Bardella a lui aussi dénoncé ses choix en "matière économique" ainsi que ceux d'Emmanuel Macron, qui a officié à Bercy entre 2014 et 2016 durant le quinquennat de François Hollande.
Pour lui, les deux hommes ont bradé "depuis dix ans le patrimoine industriel des Français". Il cite notamment la vente d'"Alstom aux Américains" de General Electric en 2014.
"Oui, Monsieur Le Maire et Monsieur Macron ont fait preuve de lâcheté [...] Oui, ils se sont comportés comme des liquidateurs à la tête de l'État. Oui, ils ne défendent pas les intérêts de la France", a déclaré dans une anaphore le président par intérim du RN.
"La liberté d'expression est mise en danger"
Après l'intervention d'Alexandre Loubet, Bruno Le Maire avait demandé des "excuses solennelles au Rassemblement national". Les députés d'extrême droite avaient réagi en quittant l'hémicycle sous l'impulsion de leur cheffe de groupe, Marine Le Pen. Par la suite, l'ancien du parti Les Républicains (LR) et l'ex-candidate à la présidentielle, ont renouvelé leur position par réseaux interposés, chacun renvoyant la faute sur l'autre.
Yaël Braun-Pivet, présidente (Renaissance) de l'Assemblée nationale, a infligé un rappel à l'ordre ainsi qu'une inscription au procès verbal à Alexandre Loubet. Le député de Moselle perdra donc le quart de son indemnité parlementaire ce mois-ci. Au sein du RN, Frédéric Boccaletti, député RN du Var a écopé lui aussi d'un rappel à l'ordre, après avoir qualifié le ministre de l'Éducation nationale Pap N'Diaye de "communautariste".
Des sanctions "extrêmement graves" pour Jordan Bardella qui estime que Yaël Braun-Pivet a cédé à une "pulsion autoritariste". Selon le député européen, "la liberté d'expression est mise en danger".
"L'Assemblée nationale, c'est la maison politique du peuple français, du débat, de la confrontation des idées", a-t-il défendu.
Et d'ajouter: "La liberté d'expression est d'autant plus sacrée dans ce lieu que les députés que nous sommes ont une immunité parlementaire pour pouvoir justement critiquer et débattre".
"Quand on a des principes [...] on les applique aux autres"
Jordan Bardella applique-t-il le même raisonnement pour le cas d'Astrid Panosyan-Bouvet? La députée de Renaissance s'est-elle aussi vu infliger un rappel à l'ordre mardi par Yaël Braun-Pivet, après avoir qualifié le RN de "xénophobe".
"Quand a des principes on se les applique, mais on les applique aussi aux autres", répond-il.
Pour celui qui cherchera à se faire élire définitivement à la tête de son parti lors du Congrès du RN début novembre, les sanctions, qu'elles soient à l'endroit des "députés de la majorité ou de l'opposition" sont une "remise en cause de la liberté d'expression".
"Je combattrai politiquement de toutes mes forces les caricatures qui sont faites du Rassemblement national et les accusations de xénophobie [...] mais je considère que des critiques, dans l'enceinte de la démocratie française, ont le droit d'être prononcées", a développé le patron par intérim du RN.