Une députée Renaissance dénonce "l'ADN xénophobe" du RN, Braun-Pivet lui inflige un rappel à l'ordre

L'ambiance a été électrique ce mardi à l'Assemblée nationale. Après une séance de Questions au gouvernement marquée par l'échange tendu entre les députés du RN et Bruno Le Maire, la présidente de la chambre basse du Parlement a de nouveau sanctionné une élue.
Yaël Braun-Pivet a en effet infligé un rappel à l'ordre à la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet. Avant le vote sur la réforme de l'assurance-chômage, cette dernière a dénoncé "l'ADN xénophobe vieux de 50 ans" du RN.
Le rappel à l'ordre est le premier niveau de sanction prévu dans le règlement de l'Assemblée nationale. "Vous avez utilisé à la tribune le mot 'xénophobe' à l'égard d'un parti politique. Je venais de rappeler qu'il fallait avoir une attitude respectueuse les uns envers les autres", a justifié Yaël Braun-Pivet dans l'hémicycle.
"Là, on a un problème"
Cette sanction a été critiquée par plusieurs élus de gauche, mais aussi quelques voix de la majorité.
"Là, on a un problème. Le Front National est historiquement un parti xénophobe. C'est factuel, comme le fait qu'il a été fondé par un ancien de la Waffen SS ou qu'il refuse de condamner les attentats terroristes de l'OAS. On ne peut pas sanctionner la vérité", a ainsi écrit sur les réseaux sociaux le député EELV Julien Bayou.
"Mais c’est quoi cette banalisation à marche forcée de l’extrême-droite!!" s'interroge de son côté le patron du PS Olivier Faure.
Des critiques y compris du côté de la majorité
Dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a alerté contre la "dérive" qui reviendrait à sanctionner l'usage de mots tels que "xénophobe". "Il serait dangereux pour la liberté d'expression de notre Assemblée que nous ne puissions pas utiliser des caractéristiques politiques", affirme-t-elle.
Côté Renaissance aussi, des critiques ont été émises. "Si Jacques Chirac, chef de l'État, pouvait qualifier le FN de cette manière, alors rien, ni personne, ne doit empêcher une députée de mettre les mots sur la réalité de l'extrême droite", a par exemple tweeté Ambroise Méjean, patron des Jeunes avec Macron, disant son soutien à Astrid Panosyan-Bouvet.
Auprès de Franceinfo, l'entourage de la présidente de l'Assemblée nationale a défendu Yaël Braun-Pivet, soulignant que la sanction prononcée à l'encontre d'Astrid Panosyan-Bouvet "est de moindre force que [celles données] au RN".
Car quelques minutes plus tôt, Yaël Braun-Pivet avait infligé un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal (le second niveau de sanction) au député RN Alexandre Loubet, qui a qualifié Bruno Le Maire de "lâche."