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Les affaires nuisent à Sarkozy… et le renforcent

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Après une semaine marquée par le scandale des écoutes téléphoniques, retour sur la situation particulière de Nicolas Sarkozy. Si les affaires lui nuisent, force est de constater qu'elles le renforcent également.

Le gouvernement y a mis du sien (C. Taubira en tête), mais il faudrait être aveugle et sourd pour trouver que N. Sarkozy termine la semaine mieux qu’il ne l’a commencée. Le contenu des écoutes qui a été publié le met en position scabreuse : parler avec son avocat sur un portable acheté sous un faux nom, c’est moins flatteur que le téléphone rouge avec les grands de ce monde. Sans compter que les enregistrements pirates de P. Buisson jettent une ombre sur les pratiques de son entourage – en plus de l’exposer à des révélations désagréables. Donc N. Sarkozy a été servi par les circonstances, mais il ressort desservi par l’image et par les faits.

Autrement dit, ce que la gauche appelle la « tentative de diversion » de l'opposition n'a pas fonctionné ?

C’était déjà inespéré de fragiliser à ce point la garde des sceaux à partir d’une affaire qui vise la droite. Il y a peut-être eu une focalisation excessive des juges sur N. Sarkozy – on jugera au résultat de l’enquête. Mais il y a deux lectures possibles à ses démêlés judiciaires récurrents : soit c’est un justiciable extraordinaire (on s’acharne sur lui), soit c’est un suspect permanent (il a des choses à cacher). Dans l’opinion, c’est la 2ème qui s’impose. La litanie des affaires finit par provoquer une accoutumance à la suspicion : la victimisation fonctionne moins bien. Au total, N. Sarkozy reste un leader qui a une bonne constitution mais il a mauvaise réputation. Ça ne facilite pas son retour.

Il y a quand même, dans ce qui s'est passé ces derniers jours, des points positifs pour lui. Lesquels ?

J’en vois trois. Une fois de plus, les chefs de l’UMP n’ont pas d’autre choix que de se solidariser avec lui, comme au moment du « Sarkothon », où il a fallu faire la quête pour rembourser ses frais de campagne. Donc paradoxalement, les affaires confortent son statut de leader de la droite – pour le meilleur et pour le pire. Et puis le cas Buisson s’est réglé de lui-même. C’était un conseiller très écouté ; le fait d’avoir voulu écouter les autres – mais sans leur dire – l’a définitivement disqualifié auprès de N. Sarkozy. Comme je suis de ceux qui pensent qu’il a fait perdre N. Sarkozy en 2012, j’en conclus qu’il ne le fera pas perdre une 2è fois.

Il y a plusieurs enquêtes en cours, il y en aura peut-être d'autres. Est-ce qu'on peut penser que d'ici 2017, N. Sarkozy va continuer à être cerné par les affaires ?

C’est certain. Toutes ces procédures sont longues et, sans qu’il y ait forcément une instrumentalisation politique, on sait que les juges n’abandonnent pas facilement quand ils ont une personnalité dans le viseur – donc s’agissant de N. Sarkozy, ils vont remuer ciel et terre pour trouver de quoi l’accuser. Jusqu’ici ça n’a pas marché : il n’a jamais été mis en examen sauf dans l’affaire Bettencourt, où il a eu un non-lieu. Si en définitive, il sort de cette cascade d’affaires sans être éclaboussé, il sera renforcé. Donc la primaire à laquelle N. Sarkozy n’a pas très envie de se soumettre, c’est peut-être devant la justice qu’elle va se jouer. Et il n’est pas sûr de la perdre.

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Hervé Gattegno