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Politique

Le gouvernement veut renforcer le contrôle des écoles musulmanes

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale - ERIC FEFERBERG / AFP

Soutenue par le gouvernement, une proposition de loi du Sénat vise à renforcer l'encadrement des établissements scolaires hors contrat, notamment de confession musulmane.

En son temps, Najat Vallaud-Belkacem s'y était cassé les dents: cette fois, c'est au Sénat qu'est née une proposition de loi, débattue ce mercredi, visant à renforcer l'encadrement des écoles hors contrat, ces établissements scolaires autonomes dont l'ouverture ne demande aujourd'hui qu'une simple procédure déclarative.

Le respect des valeurs républicaines en question

Dans le viseur de la sénatrice UDI Françoise Garel, auteure de la proposition de loi: les écoles hors contrat musulmanes, soupçonnés pour certaines de dispenser un enseignement incompatible avec les valeurs républicaines et le socle de connaissances exigé par l'Éducation nationale.

"Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il est plus compliqué d’ouvrir un café qu’une école. Les mouvements radicalisés peuvent s’engouffrer dans ce genre de flou", explique à L'Opinion le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille. 

"Il faut pouvoir agir en cas d’indigence pédagogique, de pratiques révisionnistes, d’enseignement tendancieux. On ne peut plus dire 'on ne savait pas'", insiste Françoise Garel dans Libération.

Sous-marin gouvernemental

Parmi les propositions majeures de la sénatrice figure notamment l'allongement de huit jours à trois mois du délai d'opposition par le maire ou l’Etat à l’ouverture d’une école hors contrat, l'élargissement des motifs de ladite opposition et l'instauration d'un contrôle annuel des établissements. 

Un objectif de régulation partagé par le gouvernement, trop heureux d'éviter d'endosser la responsabilité de ce dossier épineux.

"Quand cette démarche aura réussi, nous aurons un outil juridique pour aller dans le bon sens", se félicitait mi-février le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur le plateau de L'Émission politique.

De là à conclure que la sénatrice centriste est en service commandé pour le compte du gouvernement, il n'y a qu'un pas que les opposants au texte n'hésitent pas à franchir dans Le Monde, affirmant qu'il est "écrit Rue de Grenelle plutôt qu’au Palais du Luxembourg".

Paradoxe à droite

Plus que pour son importance quantitative - la proposition de loi ne concerne que 1300 établissements regroupant 60.000 enfants sur les 12,5 millions d’élèves français, soit 0,5% des effectifs -, le dossier suscite surtout des tensions parce qu'il met en regard les pratiques d'écoles musulmanes avec celle des établissements hors contrat catholiques, souvent représentés par une droite traditionnelle hurlant à l'atteinte à la liberté d'enseignement. 

"La proposition de loi vise à lutter contre les dérives sectaires et radicales. Mais pour atteindre un objectif, on arrose trop large. Au prétexte de lutter contre la radicalisation islamiste, il ne faut pas qu’on contraigne trop les autres écoles", plaide dans L'Opinion le vendéen Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat.

"Il a fallu retourner les mots dans tous les sens. Dommage que le texte n’aille pas plus loin", regrette ainsi un élu centriste.

Louis Nadau