Le choc de compétitivité n’aura pas lieu

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -
Le gouvernement a pris peur. Peur que les effets positifs, la baisse du coût du travail et donc en principe la baisse du chômage, ne soient inférieurs aux effets négatifs, c’est-à-dire la baisse du pouvoir d’achat et donc le ralentissement de la croissance.
Car il n’y a pratiquement plus de croissance. Et le dernier moteur qui reste, la consommation, risquait d’être enrayé par ce transfert massif de charges et de cotisations dont personne ne peut mesurer les conséquences.
Oui mais le rapport Gallois, qui doit aborder ce sujet, n’est pas encore remis au gouvernement…
Un rapport mort-né. Enterrement de première classe pour ces recommandations d’un grand patron de la gauche, l’ancien patron d’Airbus. Avec en tête du cortège funèbre, LA ministre chargée des Affaires sociales et donc première concernée par le débat sur les baisses de charges, Marisol Touraine, qui était dans l’After RMC dimanche sur BFMTV : « Je ne crois pas, compte-tenu de la situation des finances publiques, que l’on puisse faire supporter aux Français un choc supplémentaire de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Par ailleurs, je constate qu’au cours des 10 dernières années, la compétitivité de l’économie française n’a pas été pénalisée principalement par le coût du travail ».
Mais elle connaît déjà le rapport Gallois ?
Oui, le pré-rapport a été transmis au gouvernement. Et depuis, c’est la patate chaude. Sa remise officielle a d’abord été reportée du 15 octobre au 5 novembre. Et hier lundi, lors d’une réunion à Matignon, on a soigneusement organisé les funérailles de ce rapport mort-né.
Alors on a distribué les rôles. Le Premier ministre était chargé d’expliquer ce qu’était un rapport : « Un rapport n’est pas forcément à prendre dans son intégralité », explique-t-il ce mardi matin dans un entretien à La Dépêche du midi. Pierre Moscovici était chargé de ménager Louis Gallois : « Nous avons vraiment l’ambition de mettre en place des réformes structurelles d’ampleur inédite ». Arnaud Montebourg a été chargé de faire en sorte que les patrons ne regrettent pas cet abandon : « Ce doit être du donnant-donnant », expliquant que s’il y avait baisse des charges ce serait dans le cadre d’une contrepartie, notamment en termes d’investissement.
Du coup, le gouvernement abandonne le chantier de la compétitivité ?
Officiellement, le gouvernement nous explique qu’il y a d’autres moyens d’être compétitifs sans parler de coût du travail. Par exemple, en investissant davantage ou encore en déréglementant certaines professions comme les taxis… Ce qui rappelle un autre rapport, le rapport Attali, enterré lui aussi…
La vérité c’est que le gouvernement semble tétanisé par la situation économique, et notamment l’année 2013. Les efforts demandés aux Français sont tels qu’il craint que la faible croissance prévue en 2013 ne s’effondre comme un château de cartes et qu’un phénomène de récession ne s’enclenche comme en Grèce ou en Espagne.
Bref, face à ce château de cartes brinquebalant, le gouvernement n’ose plus toucher à rien.
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