Le baromètre des éditorialistes: au Sénat, "le monde ancien résiste"

Au lendemain des élections sénatoriales, les éditorialistes de BFMTV Christophe Barbier et Laurent Neumann sont formels: avec l'échec relatif de La République en marche, l'ambition de réforme des institutions d'Emmanuel Macron a du plomb dans l'aile, sauf à passer par un référendum sur la Constitution, très risqué politiquement.

> Christophe Barbier: "Pour Macron, changer les institutions par le Congrès, c'est fini"
"C'est un coup d'arrêt, parce qu’Emmanuel Macron a un objectif: chambouler complètement le paysage politique français. Il l'a fait à la présidentielle, il l'a fait aux législatives, il ne le fait pas aux sénatoriales. Le monde ancien résiste. Est-ce que c'est un dernier récif, ou le début d'une reconquête? Les prochaines échéances le diront: européennes 2019, municipales 2020.
C'est un coup d’arrêt pour réformer les institutions, dont le Sénat. Je ne vois pas comment Emmanuel Macron pourrait avoir la majorité des 3/5 nécessaire pour réformer la Constitution en passant par le Congrès, sauf sur des textes très consensuels qui ne changeraient pas grand-chose. Pour Macron, changer les institutions, surtout s'il veut demander aux parlementaires de scier la branche sur laquelle ils sont assis - c'est-à-dire de diminuer le nombre d'élus en France - c'est fini. Depuis 2005, personne n'a voulu se brûler les doigts en allumant le bûcher référendaire."

> Laurent Neumann: "Une volonté de rééquilibrage des pouvoirs"
"Un revers mécanique, puisqu’au fond ces sénatoriales n'étaient que le troisième tour des élections municipales de 2014 où La République en marche n'existait pas.
N'empêche que ce revers il a des raisons politiques et des conséquences politiques. Les raisons politiques: volonté de rééquilibrage des pouvoirs, colère des élus après toutes les mesures de cet été, la revanche des partis traditionnels.
La conséquence politique est à moyen terme: pour la réforme constitutionnelle, il faut la majorité des trois cinquièmes du Congrès, qui sera très difficile à atteindre. Si on ne la fait pas avec le Congrès, on le fait avec le référendum, et ça, c'est très dangereux politiquement."