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"Ministre un jour sur deux": colère contre Bruno Retailleau après ses propos sur la fin du macronisme

Bruno Retailleau et Emmanuel Macron le 5 novembre 2024 à Paris

Bruno Retailleau et Emmanuel Macron le 5 novembre 2024 à Paris - Stephanie Lecocq / POOL / AFP

Dans un entretien publié ce mercredi 23 juillet, Bruno Retailleau a estimé que "le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron”, sous entendu lors de la prochaine présidentielle de 2027. Une critique ouverte qui a provoqué un tir de barrage du camp présidentiel, dénonçant des propos "inacceptables".

Le conseil des ministres s'annonce houleux. La colère gronde ce mercredi 23 juillet au sein du camp présidentiel, au lendemain de la diffusion de la Une du nouveau magazine de Valeurs Actuelles.

Dans celui-ci, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau dit ne pas croire "au en même temps", tout en prophétisant que "le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron" en 2027 lors de la fin de son second mandat à la tête du pays.

Une attaque directe adressée au chef de l'État, largement condamnée par le parti Renaissance sur X qui estime que "ces propos sont, une fois de plus, inacceptables pour un ministre nommé par le président de la République dans un gouvernement de coalition". Avant d'être moqué par le compte des Républicains, qui estime visiblement que ce coup de poignard du locataire de la place Beauvau rappelle celui adressé auprès de son patron François Hollande par feu le ministre de l'Économie... Emmanuel Macron.

"Être membre du gouvernement sous l’autorité du président de la République est une responsabilité particulièrement lourde qui ne tolère ni les provocations, ni les petits calculs politiques", écrit le parti présidentiel.

"Pourquoi assumeraient-ils un héritage et un bilan pour la macronie?"

La première à réagir publiquement face à Bruno Retailleau, dès ce mardi dans la soirée, a été la ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne. Selon elle, "le macronisme est une idéologie ET (sic) un parti politique" et interpelle directement son collègue du gouvernement en l'appellant à ne pas "tenter de diviser le socle commun" et qu'"agir ensemble exige du respect mutuel".

Son (éphémère) prédécesseure rue de Grenelle, Anne Genetet, estime de son côté sur BFMTV que "Bruno Retailleau est dans le double jeu permanent" et "ne peut pas être ministre un jour sur deux".

Une semonce, validée par un ancien ministre macroniste auprès de BFMTV, qui estimait mardi soir que "Retailleau et les LR peuvent faire un coup de Trafalgar à Bayrou".

"Ils pensent que leur moment est venu et préparent quelque chose. Ils peuvent démissionner collectivement et faire chuter Bayrou avant la censure", imagine ce dernier.

L'ancien ministre poursuit: "Pourquoi assumeraient-ils un héritage et un bilan pour la macronie? Ils peuvent partir en disant 'la macronie a mis le pays parterre, on a essayé de redresser mais c’est trop tard! On démissionne et on prépare 2027'. Ils ont des baronnies pour les municipales. Barnier a déjà mis Attal et Dati à l'amende à Paris."

"Le macronisme survivra au retaillisme"

Autre ministre, actuelle cette fois. Aurore Bergé, en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, vient soutenir Emmanuel Macron à son tour en estimant que "le macronisme ne s'arrêtera pas. Ni aujourd'hui, ni dans 2 ans, ni après".

Si la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher salue sur X que "le débat est sain", elle invite Bruno Retailleau à ne pas "diviser pour diviser" et "à agir pour la cohésion nationale".

Un macroniste historique ironise, de son côté auprès de BFMTV, qu'"Emmanuel Macron étant beaucoup plus jeune que Bruno Retailleau, (...) le macronisme survivra au retaillisme, si tant est que celui-ci n'ait jamais existé". 

"Bruno Retailleau devrait faire attention au boomerang de l’impuissance", tance-t-il.

L'entourage de Bruno Retailleau, justement, confiait de son côté auprès de BFMTV que "le ministre de l'Intérieur a le mérite de dire ce qu’il pense quand beaucoup de macronistes, à commencer par le parti Renaissance, ont choisi la cancel politique sournoise. Ils effacent Emmanuel Macron des tracts et affiches, du nom du mouvement jeune, ne viennent jamais en soutien de ses interventions, etc. C’est un peu facile de s’habiller en garant de l’héritage macroniste quand on passe son temps à préparer à vivre sans lui".

Mathieu Coache avec Alixan Lavorel