"Je ne considère pas le RN dans l'arc républicain": Véran, de nouveau député, se démarque d'Attal et de Macron

L'ancien porte-parole du gouvernement, qui a retrouvé les bancs de l'Assemblée nationale, déclare au Parisien vouloir " tout donner pour empêcher l'extrême droite de prendre le pouvoir".

Victime du jeu de chaises musicales lors du dernier remaniement, Olivier Véran a troqué le costume de porte-parole du gouvernement pour rendosser celui de député. L'ex-ministre de la Santé affirme dans un entretien au Parisien publié ce samedi 17 février qu'il rejoint les bancs de l'Assemblée nationale "avec une totale liberté de parole et d'action": "On dit qu'un ministre ferme sa gueule. C'est donc qu'un ancien ministre peut la rouvrir."

La rouvrir, mais dans quel but? Assurant qu'il allait "tout donner pour empêcher l'extrême droite de prendre le pouvoir et saccager ce que nous sommes", Olivier Véran confie avoir éprouvé de la gêne avec le vote de la loi immigration par le Parlement en décembre dernier. Moins "par le contenu du texte, tel que validé par le Conseil constitutionnel" que par "une forme de discours tenu par certains accréditant l’idée selon laquelle l’étranger pourrait en soi être un problème".

Olivier Véran se démarque également des positions d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal sur le Rassemblement national. La semaine dernière, le président de la République jugeait "tout à fait normal" qu'il puisse y "avoir des discussions" avec le RN à l'Assemblée nationale. Début février, le Premier ministre s'était dit prêt à travailler avec toutes les oppositions, y compris le RN. "L'arc républicain, c'est l'hémicycle", avait résumé le chef du gouvernement au Monde.

Olivier Véran, lui, "ne considère pas (le RN) dans l’arc républicain" et se montre définitif: "Jamais je ne voterai une proposition de loi de l’extrême droite."

Véran prône le "dépassement" et "l'équilibre"

Le député Renaissance élu dans l'Isère entend ainsi donner de la voix pour apporter un peu de consistance à l'aile gauche de la macronie. Alors que les personnalités composant le gouvernement de Gabriel Attal marquent un nouveau coup de barre à droite, Olivier Véran affirme encore croire au "dépassement" et à l'"équilibre" de la majorité, se disant convaincu que "les valeurs de la sociale démocratie restent bien vivantes".

"Je veux parler à ceux de nos concitoyens dont le cœur bat toujours à gauche et qui se sentent apatrides: ni mélenchonistes, ni plus totalement macronistes", explique-t-il.

"Ce centre gauche humaniste, laïc, républicain, europhile, nous a manqué pour faire majorité absolue, mais sait se mobiliser à chaque fois pour faire barrage au RN", poursuit le député. "Nous ne devons pas attendre un second tour pour nous rappeler (que ces électeurs) nous ont fait confiance, même sans enthousiasme."

Le député va "reprendre la blouse"

En attendant la présidentielle de 2027, c'est lors des prochaines élections européennes du 9 juin que la majorité présidentielle devra ferrailler avec le RN, donné largement favori du scrutin. Des élections auxquelles Olivier Véran participera en tant que candidat? Le principal intéressé se défend d'avoir des vues sur Strasbourg et Bruxelles. "J'ai lu que j'étais candidat, mais ce n'est pas vrai", fait-il savoir.

Ce qui est certain, c'est que le neurologue va à nouveau ausculter les Français, au sens littéral: "La médecine me manque et je vais reprendre la blouse une journée par semaine en parallèle de mon mandat.

Vincent Gautier