La mise en examen de François Bayrou fragilise-t-elle la majorité?

En 2017, il avait accordé son soutien à Emmanuel Macron en échange de l'élaboration d'une loi sur la moralisation de la vie politique. François Bayrou a été mis en examen vendredi soir pour "complicité de détournement de fonds publics" dans l'enquête sur les assistants d'eurodéputés du parti centriste. Un coup dur pour le maire de Pau.
Pour l'instant, la majorité fait bloc autour de ce fidèle de la première heure du président. Mais à quelques mois des élections municipales, les tourments judiciaires du MoDem pourraient vite devenir trop encombrants pour La République en Marche.
"Solidarité gouvernementale"
En conseil des ministres jeudi, le chef d'État a demandé "une solidarité gouvernementale" avec le MoDem, rapporte Libération. Le lendemain, tandis que François Bayrou était entendu par les juges au tribunal de Paris, Stanislas Guérini répétait, au micro de Sud Radio, que "la mise en examen de François Bayrou ne remettra pas en cause les alliances LaREM-Modem."
"Je lui maintiens toute ma confiance" ainsi que "mon admiration", avait ajouté le délégué général de LaREM, en notant que le MoDem est "un allié particulier" du parti présidentiel.
Au lendemain de sa mise en examen, le mot d'ordre n'a pas changé du côté des marcheurs. "Au sein de la majorité, on minimise un peu l'affaire et les conséquences que ça peut avoir dans les relations entre LaREM et le MoDem", note Nicolas Prissette, notre éditorialiste politique. "Cette mise en examen ne va pas altérer leur relation", insiste l'entourage du président dans les colonnes des Echos.
Preuve d'un lin privilégié et d'une confiance toujours intacte, Emmanuel Macron inaugurera la première ligne de bus à hydrogène au monde à Pau, le 16 et 17 décembre prochain, en parallèle du sommet avec les chefs d'État africains engagés aux côtés de la France dans l'opération Barkhane.
"Toutes ces mises en examen vont faire des dégâts"
Mais ce soutien peut-il durer dans le temps? Le doute est permis. Au total, une douzaine de responsables du mouvement ont déjà été mis en examen depuis la mi-novembre dans l'affaire, dont l'ex-eurodéputée Sylvie Goulard, l'ancien garde des Sceaux Michel Mercier ou le directeur financier du parti Alexandre Nardella.
Un membre de la majorité estime auprès du Figaro que "toutes ces mises en examen vont faire des dégâts. La République en marche fera tout pour amoindrir le poids du MoDem, il y aura encore plus de tensions". "François Bayrou a une parole qui compte au sein de la majorité. Donc s'il est affaibli, ce n'est pas une bonne nouvelle", abonde un second député LaREM auprès des Echos.
Vers une guérilla interne ?
Alors que l'élection du nouveau patron du MoDem doit se dérouler en décembre 2020, la mise en examen de François Bayrou "peut susciter une petite guérilla interne", note encore Nicolas Prissette. Mais LaREM n'a pas intérêt à voir son principal allié s'affaiblir. "Ce serait jouer contre nous-mêmes", juge Marie Guévenoux, coprésidente de la commission d’investiture de LaREM aux municipales auprès de Libération.
Dans le viseur du parti d'Emmanuel Macron se trouvent en effet les élections municipales, qui ont lieu dans tout juste quatre mois. Le chef d'État espère voir émerger, grâce à son alliance avec le parti centriste, un tissu d'élus locaux. Pour mieux se préparer, ensuite, à 2022.