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"La France n'a pas besoin de déchirures supplémentaires": Dupont-Aignan exclut de rallier Zemmour

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Alors que sa campagne est chahutée au sein même de son parti par la probable candidature d'Éric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan explique pourquoi il ne soutiendrait pas le polémiste malgré leur proximité idéologique.

N'allez pas demander à Nicolas Dupont-Aignan s'il compte renoncer à sa troisième campagne présidentielle au profit d'Éric Zemmour. "Non, non, non", a-t-il repoussé, interrogé à ce propos ce mardi matin par notre journaliste Jean-Jacques Bourdin.

Pourtant, le leader de Debout la France doit actuellement essuyer un gros grain au sein même de sa famille politique, en raison de l'ombre qu'y porte la probable équipée électorale de l'essayiste égérie de la droite dure. Vendredi, de jeunes cadres de son parti annonçaient quitter la formation du député élu dans l'Essonne pour rallier Éric Zemmour et appelaient leurs camardes à en faire de même dans une tribune publiée par Valeurs actuelles.

Mais leur ancien dirigeant a expliqué sur notre plateau pourquoi il n'entendait pas s'effacer. "Je suis gaulliste, alors l’indépendance de la France, oui - et Éric Zemmour qui est un polémiste de talent la défend souvent", a-t-il commencé par admettre avant d'enchaîner:

"Mais l’indépendance de la France passe - pour le général de Gaulle et pour moi, gaulliste - par le rassemblement des Français et pas par des déchirures supplémentaires".

La France, un "archipel de communautés"

Il a continué, semblant faire référence à l'analyse livrée dans un livre par le politologue Jérôme Fourquet:

"Le pays est déjà un archipel de communautés. Il a été divisé par Emmanuel Macron, il n’y a pas besoin de division supplémentaire".

Après avoir ainsi renvoyé dos-à-dos le président de la République et le chroniqueur télé au bord de l'arène politique, il a mis en garde contre l'intrusion d'un "nouveau marchand d'illusion".

Si Nicolas Dupont-Aignan a pris soin de souligner sa "fermeté" sur les sujets de l'immigration et de la sécurité, il a reproché à Éric Zemmour des excès en ces matières:

"Une fois qu’on est Français, petits Français (…) on est considéré par le chef de l’Etat comme des Français à part entière."

C'est notamment la récente polémique sur les prénoms étrangers, initiée par celui que les Français ont d'abord connu journaliste politique, qui a nourri cette diatribe du parlementaire.

"Je déteste les séparatismes, je déteste qu’on pointe un enfant du doigt pour son prénom", a-t-il ainsi lancé.

Contre Zemmour, tout contre

Pourtant, Nicolas Dupont-Aignan cultive une indéniable proximité idéologique avec Éric Zemmour.

"Je le respecte, je suis d’accord avec certaines de ses idées et pas avec d’autres", a-t-il rétabli.

Le "grand remplacement" par exemple? "Je suis entre les deux", a-t-il balancé: "Je ne crois pas qu’il y a un grand complot mais il y a une amorce d’un remplacement dangereux".

Appelant à "bloquer les frontières", afin de "supprimer les vagues migratoires", il a opposé une "immigration du travail" à une "immigration de prestations sociales", louant la première et jugeant la seconde "malsaine". "Il faut y mettre fin", a-t-il dit, ajoutant:

"Quand on y aura mis fin, je pense qu'on pourra assimiler l'immigration, une fois l'école redressé".

Mais dans l'intervalle, "la France n'a plus les moyens d'accueillir" cette immigration, a encore insisté l'ancien maire d'Yerres.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV