Accord sur le budget 2025: pour Éric Coquerel, la version de Bayrou "est pire que le budget Barnier"

Un constat sans appel. Pour le député insoumis Éric Coquerel, numéro un de la puissante commission des Finances à l'Assemblée, l'accord des députés et des sénateurs sur le budget 2025 conclu ce vendredi 31 janvier est mauvais
"C'est un budget austéritaire", a dénoncé le député de Seine-Saint-Denis, jugeant que le projet de loi de finances après négociations est "pire que le budget Barnier".
Des coupes importantes
Et de pointer du doigt des "recettes en baisse de 6,2 milliards d'euros" et la baisse des dépenses de l'État de "6,4 milliards d'euros" de plus que dans la copie du prédécesseur de François Bayrou.
La commission mixte paritaire, le nom du conclave de parlementaires qui est parvenue à une copie commune, a confirmé en grande partie le budget adopté le 23 janvier au Sénat. Cette version est globalement assez fidèle aux propositions initiales de l'ancien Premier ministre Michel Barnier.
Y figurent notamment des mesures annoncées à l'automne, comme l'effort temporaire sur l'impôt sur le revenu des ménages les plus aisés (2 milliards d'euros espérés) et la "contribution exceptionnelle" sur les bénéfices des grandes entreprises (8 milliards). Mais, dans la mouture de François Bayrou, l'effort a été limité à la seule année 2025, contre deux ans prévus par l'ex-locataire de Matignon.
Côté dépenses, François Bayrou a multiplié les coupes dans le budget de l'État sur fond de recherches d'économies tous azimuts. Aide publique au développement, écologie, culture, agriculture, recherche et enseignement supérieur...
Subterfuge budgétaire sur les postes d'enseignants
Les coupes se chiffrent à plusieurs centaines de millions d'euros à chaque fois, malgré quelques gestes sur la prévention des catastrophes naturelles, le Fonds vert ou le budget des outre-mer, revalorisé pour répondre notamment à la reconstruction de Mayotte.
Plusieurs promesses du Premier ministre faites aux socialistes ont également des allures de passe-passe budgétaire. La suppression des 4.000 postes d'enseignants prévue par Michel Barnier n'aura pas lieu mais les 50 millions d'euros que coûte le maintien de ces postes seront bien retranchés ailleurs dans le budget de l'Éducation nationale.
"Amoindrir les atteintes au pouvoir d'achat"
À l'issue de la commission mixte paritaire, les socialistes qui détiennent dans leurs mains l'avenir de François Bayrou ont affirmé avoir voté contre le budget lors de ce conclave.
Nous avons "réussi à amoindrir ce qu'auraient été les souffrances ou les atteintes au pouvoir d'achat des retraités, des patients", a cependant précisé le président du groupe PS à l'Assemblée, Boris Vallaud.
Le constat pousse Éric Coquerel à demander aux socialistes d'être "cohérent" en votant la censure contre François Bayrou. Le budget 2025 va être présenté devant l'Assemblée nationale ce lundi avec toutes les chances que le Premier ministre déclenche un 49.3, une cartouche constitutionnelle qui permet de faire adopter un texte sans vote.
Dans la foulée, une motion de censure devrait être déposée. Les socialistes la voteront-ils? Les troupes PS n'ont pas encore tranché.