La droite boycotte le congrès des départements de France

Jean-Marc Ayrault est intervenu au congrès des départements, à Lille. Un congrès boycotté par la droite. - -
Jean-Marc Ayrault s’est rendu vendredi à Lille, à la Convention des départements de France. Dans un climat tendu: les conseils généraux dirigés par la droite et le centre ont décidé de suspendre leur participation financière à l’Assemblée des départements de France (ADF). Ils jugent l’ADF coupable de "complaisance" avec le gouvernement. L’ADF est dominée par les socialistes et la gauche, qui dirigent 60 des 101 conseils généraux.
> Les doléances de la droite
Dans un manifeste publié jeudi, le groupe Droite, centre, indépendants (DCI) de l'association a annoncé qu'il suspendait le versement de ses cotisations. En cause, selon lui: le "désengagement patent de l'État: baisse drastique des dotations, charges mal ou non compensées... en totale contradiction avec les déclarations d'intention du président François Hollande".
Dans le cadre de la réduction de 1,5 milliard d'euros des dotations de l'État à l'ensemble des collectivités en 2014, l'enveloppe des départements va en effet être réduite de 476 millions d'euros. Le tout ajouté à une hausse de la TVA, destinée à financer le Crédit impôt compétitivité (CICE). Une hausse toutefois compensée par l'Etat, a promis Jean-Marc Ayrault.
Mais d'autres raisons expliquent le "clash lillois": le redécoupage des cantons en vue des élections départementales de mars 2015 - la droite fustige "le ciseau des dentellières de la place Beauvau et de la rue de Solferino" - et l'élection dans chaque canton, à cette date, d'un homme et d'une femme.
S'y ajoute l'accusation de "copinage". La Corrèze, département de François Hollande sous la gestion de la droite, est celui qui reçoit le plus d'aides du Fonds de secours aux départements. C'était pourtant déjà le cas sous le gouvernement Fillon.
Enfin, depuis un an, les départements les moins pauvres sont obligés d'aider davantage les plus pauvres, grâce à la forte hausse des crédits dits de "péréquation".
> Ayrault tente de rassurer
De son côté, Jean-Marc Ayrault a fait le déplacement à Lille pour rassurer les élus: "Le gouvernement a pris la mesure de votre situation financière, a déclaré le Premier ministre. Les départements ne doivent surtout pas se sentir menacés, ni financièrement, ni politiquement".
Le Premier ministre en a profité pour dénoncer le boycott de la droite. Il y voit une "opération purement politicienne qui ne correspond à aucune réalité. Jamais les départements n'ont été autant pris en considération par le gouvernement et jamais ils n'ont été autant aidés financièrement depuis plusieurs années".
"Moi, je suis venu dire ma confiance aux départements, pour ce qu'ils font pour les Français sur les territoires, pour la solidarité, alors que la droite veut la suppression des départements", a déclaré le Premier ministre. "On ne peut pas demander à la fois la suppression des départements et dire qu'on ne leur donne pas assez d'argent. Il faut choisir", a-t-il souligné.
Il a défendu la nécessité "dans tous les domaines", de "mettre en place des mécanismes de solidarité territoriale", se faisant l'écho du "sentiment que des Français ont d'être oubliés". "Il faut absolument corriger ça, la France s'intéresse à tous les Français", a-t-il dit.
Quant au découpage électoral, qui fâche la droite, Jean-Marc Ayrault a promis qu'il "se fait sur la base de règles strictes et définies par le Conseil d'Etat".