L'opposition et les syndicats accentuent la pression sur Woerth

L'opposition de gauche et les syndicats accentuent la pression sur le ministre du Travail Eric Woerth, fragilisé par les soupçons de trafic d'influence en pleine bataille sur la réforme des retraites. /Photo prise le 6 juillet 2010/REUTERS/Gonzalo Fuentes - -
PARIS (Reuters) - L'opposition de gauche et les syndicats ont accentué vendredi la pression sur le ministre du Travail Eric Woerth, fragilisé par les soupçons de trafic d'influence en pleine bataille sur la réforme des retraites.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qui avait déjà estimé dans une interview commune avec son homologue de la CGT Bernard Thibault diffusée jeudi soir que son maintien posait "problème", a encore durci le ton vendredi.
"Ce n'est plus possible de travailler avec Eric Woerth", a-t-il déclaré sur Europe 1 à propos des soupçons qui pèsent sur le ministre en raison de ses liens avec l'héritière de L'Oréal, donatrice de l'UMP qui a reconnu une fraude fiscale.
"Dans cette situation, est-ce qu'il peut se défendre et porter ce qui est, soi-disant, la réforme du quinquennat ? Le problème d'Eric Woerth est en train de masquer le principal problème qui est que la réforme, (...) ce qui prouve bien que le pays n'est pas serein", a-t-il ajouté.
Ce jugement des deux premières centrales syndicales françaises risque de peser lourd avant la journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites, mardi, qui coïncide avec le début de l'examen du dossier au Parlement.
Nicolas Sarkozy s'est toujours targué d'entretenir de bonnes relations avec les syndicats et leur prise de position risque de bloquer les chances d'un compromis sur cette réforme qui portera l'âge du départ à la retraite de 60 à 62 ans,
L'ancien premier du secrétaire du Parti socialiste a estimé vendredi qu'il devait quitter son poste de lui-même.
POSITION INTENABLE, DIT HOLLANDE
"La position d'Eric Woerth n'est plus tenable, il est impossible de défendre son dossier et la réforme", a dit François Hollande sur France Info.
"Il ne peut pas mener à bien sa défense tout en ayant la charge d'un dossier comme celui des retraites, il ne peut pas être tout à fait libre pour son expression. A partir de là, le mieux à faire, c'est de se mettre en retrait et ce n'est pas parce qu'il démissionnerait qu'il serait coupable."
Mais le gouvernement campe sur ses positions. L'UMP et le Premier ministre François Fillon ont publié jeudi soir des communiqués apportant leur soutien à Eric Woerth.
Le ministre du Travail, qui a pris la parole à l'université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines) vendredi matin, n'a fait aucune déclaration à la presse à son arrivée.
Jeudi, il a assumé être l'auteur d'une lettre en mars 2007 comme député, adressée à Nicolas Sarkozy, où il appuyait la demande d'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt.
Patrice de Maistre, qui pourvoyait au financement de l'UMP, a ensuite embauché en novembre 2007 la femme d'Eric Woerth, devenu ministre du Budget, et lui a adressé un de ses proches pour le traitement d'un problème fiscal.
Patrice de Maistre a reçu la Légion d'honneur des mains d'Eric Woerth en février 2008. Liliane Bettencourt s'est vu ristourner environ 100 millions d'euros au titre du bouclier fiscal depuis 2007. Il est aujourd'hui avéré qu'elle pratiquait l'évasion fiscale en Suisse et aux Seychelles notamment.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse