Interdiction des manifestations: la droite soutient Valls, divisions au FN

Les politiques sont divisés sur l'interdiction des manifestations. - Thomas Samson - AFP
Interdire ou ne pas interdire, telle est la question. Alors que les manifestations contre la loi Travail ne désemplissent pas, le Premier ministre envisage de les interdire, purement et simplement. Se servant des violences sporadiques qui ont émaillé les cortèges, Manuel Valls exige de la CGT qu'elle annule ses rassemblements. Une demande qui sème le trouble, en particulier à droite. Entre partisans de l'ordre et défenseurs d'un droit constitutionnel, le débat s'amplifie.
La gauche en morceaux
Comme depuis le début des négociations sur la loi Travail, la gauche est éparpillée. Si la gauche gouvernementale soutient l'idée de l'exécutif, estimant que l'état d'urgence permet ce genre de limitations, les frondeurs sont vent debout. Arnaud Montebourg, probable candidat à la primaire de la gauche, dénonce un "coup de force permanent".
De son côté, Clémentine Autain critique un "déni de démocratie" alors que Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2017, accuse Manuel Valls d'une "piteuse diversion" pour masquer "son incapacité à protéger manifestants et parcours" des rassemblements menés par la CGT.
Les Républicains à l'unisson... ou presque
Rachida Dati sur BFMTV, François Fillon ou encore Eric Ciotti: tous ont donné leur blanc-seing à une interdiction de manifester contre la CGT et les anti-loi Travail. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin n'a lui pas de mots assez dur pour condamner les cortèges anti-loi Travail, selon lui comparables à Daesh:
"Moi, j'aurais interdit ces manifestations déjà depuis longtemps, parce que je serais cohérent avec moi-même. C'est-à-dire que, pendant qu'on se bat contre l'ennemi extérieur, on ait à l'intérieur un ennemi qui fragilise nos forces, qui use nos militaires, qui use nos forces de sécurité" a estimé le soutien d'Alain Juppé.
Finalement, au sein des Républicains il n'y a que Bruno Le Maire pour s'interroger sur la stratégie du gouvernement vis-à-vis des manifestations. Sur le plateau de France 3, le député de l'Eure a préféré condamner les "casseurs", refusant d'évoquer une interdiction de manifester, qui est "un droit".
Cacophonie au FN
Le Front national ne sait plus où donne de la tête. Le parti de Marine Le Pen avait déjà du mal à se positionner sur les blocages orchestrés par la CGT, mais cette fois, la désunion est encore plus visible. Deux clans se distinguent: d'un côté, les pro-interdiction, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard en tête. Les deux députés ont vigoureusement soutenu la proposition de Manuel Valls, la premières estimant qu'une telle mesure n'était pas "délirante", le second assurant que s'il avait été au pouvoir, "il y a très longtemps que ces manifestations auraient été interdites".
En face s'opposent à eux Marine Le Pen, Florian Philippot et Louis Aliot. La présidente du parti a affirmé "faire la part des choses entre la légitime contestation et l'action de ces hordes d'extrême gauche" et refuse de prôner l'interdiction. Même son de cloche chez son dauphin, persuadé qu'"il ne faut pas interdire (...), cest une réaction d'incapables et de tordus". Louis Aliot a quant à lui rejoint cette position lundi matin sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, jugeant qu'il "n'interdirait pas les manifestations" s'il était au pouvoir.