Hollande, impuissant parmi les puissants

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Les images sont toujours étonnantes de ces sommets mondiaux, où se réunissent des hommes (et quelques femmes) qui concentrent entre leurs mains d’énormes pouvoirs – et qui, pourtant, s’achèvent souvent sur des impasses. Tout est codifié, régi par un protocole très strict mais il se passe finalement peu de choses. C’est une scène planétaire où les dirigeants des grandes puissances théâtralisent leur impuissance. Au milieu d’eux, le président français joue les seconds rôles – et sur ce plan, il faut bien dire que François Hollande est dans la continuité de Nicolas Sarkozy, en à peine moins m’as-tu-vu.
Le président français serait-il le plus impuissant des puissants ?
C’est chez nous que le décalage est le plus criant entre l’étendue des pouvoirs et la capacité d’action. De tous les chefs d’Etats démocratiques, le nôtre celui qui a les attributions les plus larges – bien plus que le président US ou la chancelière allemande. Et il n’a même plus de contre-pouvoirs puisque le PS contrôle à peu près tout. En même temps, la crise montre que les politiques qui sont menées dépendent largement du bon vouloir des marchés financiers. Et comme la France est une puissance moyenne, Hollande souffre d’un certain manque de… moyens. Financiers et politiques.
Il n’a aucune influence sur les grandes décisions internationales ?
Au Mexique, il s’est félicité de la confiance accordée par les Français. Mais sa victoire aux législatives ne pèse rien pour relancer la « croissance verte » à Rio quand Obama et la Chine n’en veulent pas. Et le G20 a balayé la taxe sur les transactions financières, que François Hollande présente comme un objectif primordial. C’est une mesure de son influence véritable – et de la nôtre : Sarkozy donnait le change avec son activisme, mais il n’était pas plus fort – et il parlait si mal l’anglais ! En réalité, c’est l’Europe qui est affaiblie et la France y a de moins en moins de poids. Angela Merkel critique le plan de relance de Hollande. Cameron moque sa politique fiscale. Ce sont des signes qui ne trompent pas.
Est-ce que ça veut dire que François Hollande n’aura de marges de manœuvres qu’en politique intérieure ?
Pas forcément. Il peut avoir un rôle d’entraînement en politique étrangère, par exemple pour faire plier le régime syrien – comme Nicolas Sarkozy l’a fait avec la Libye. Hélas, le vrai-faux retrait de nos troupes en Afghanistan donne plutôt le sentiment d’une volonté de repli. Cela dit, même à l’intérieur de nos frontières, François Hollande va devoir prouver qu’il a la volonté de mener une politique efficace – sur l’emploi, sur la sécurité, sur la justice fiscale, il sera jugé sur ses résultats. Il a trop de pouvoirs pour avoir le droit d’échouer. On peut accepter chez un président « normal » des ambitions modestes ; on ne lui pardonnera pas des résultats médiocres.
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