Orange-Bouygues: comment Emmanuel Macron a vexé Martin Bouygues

Martin Bouygues en visite sur le nouveau site du ministère de la Défense en janvier 2014. - Joël Saget - AFP
Qu'est-ce qui a poussé Martin Bouygues a finalement dire non? Cinq jours après l'annonce de l'abandon du rachat de Bouygues Télécom par Orange, les circonstances de ce mariage raté s'éclaircissent un peu plus. Si l'on savait déjà qu'en relevant ses exigences l'Etat avait grippé les discussions, le journal Les Echos révèle ce lundi matin que le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a véritablement vexé Martin Bouygues lors d'un entretien.
La rencontre entre les deux hommes a eu lieu le jeudi 24 mars à Bercy. A ce moment, tous les protagonistes imaginent l'accord possible. Mais Martin Bouygues sort abattu de cette entrevue. "A soixante-quatre ans, je suis trop vieux pour commencer à passer pour un con ou un fou!", a répété en sortant le patron de Bouygues Télécom selon le quotidien économique.
L'effet de cet entretien "sous-estimé"
Martin Bouygues vit alors comme humiliantes les nouvelles exigences imposées par Bercy . D'abord, le ministère souhaite que Bouygues renonce à faire valoir les droits de vote double auxquels il peut prétendre à terme, comme le prévoit la loi. Ensuite, l'Etat veut lui imposer de ne pas acheter d'actions supplémentaires pendant sept ans. Et cela tout en exigeant une prime pour les actions Orange qu’il acquiert.
Dans l’esprit du ministre de l’Économie, ces points pouvaient être affinés plus tard, lorsque Orange et Bouygues auraient avancé dans leurs propres discussions, rapporte Les Echos. Mais pour le patron de Bouygues, Emmanuel Macron est visiblement allé trop loin. "Nous avons tous sous-estimé l’effet qu’a eu cet entretien sur Martin Bouygues", a avoué aux Echos l'un des protagonistes par la suite.
Xavier Niel également montré du doigt
Pour autant, les discussions entre Orange et Bouygues Télécom se sont ensuite poursuivies quelques jours encore. Banquiers, avocats, juristes, ou encore opérationnels ont tenté de sauver l'accord. En vain. Vexé par les demandes de l'Etat, Martin Bouygues aurait aussi été agacé par l'attitude de Xavier Niel, patron de Free, le troisième opérateur, avec Orange et SFR, à vouloir prendre part au partage des actifs de Bouygues Télécom.
C'est d'ailleurs sur ce dernier que Martin Bouygues semble rejeter la faute dans un entretien au Figaro publié lundi, dans lequel il déclare: "Si nous étions quatre à la table des négociations, nous n'étions que trois à vouloir aboutir. Manifestement, l'un des protagonistes nourrissait l'ambition d'avoir le maximum en payant le minimum, tout en gardant la possibilité de se retirer." S'il n'est pas directement cité, tout le monde reconnaît là le patron de Free.