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Gouvernement

Le bilan en demi-teinte de Christiane Taubira

Christiane Taubira conserve finalement son poste de ministre de la Justice.

Christiane Taubira conserve finalement son poste de ministre de la Justice. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Sortie grandie de son combat pour le mariage pour tous, la Garde des Sceaux a été mise en difficulté dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Mais elle pourrait incarner le gouvernement de "combat" promis par François Hollande.

Il s’agit sans doute de l’une des plus grosses surprises du gouvernement Valls. Annoncée sur le départ, y compris par une partie de ses proches, Christiane Taubira reste finalement à son poste de Garde des Sceaux.

En presque deux ans, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2002 n’aura jamais laissé indifférent, renforçant son statut d’icône de la gauche, et exacerbant les tensions avec l’opposition.

Son combat en faveur du mariage pour tous

L’annonce de sa nomination au gouvernement Ayrault avait provoqué la stupeur dans les rangs du PS, certains ne lui pardonnant toujours pas son maintien au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002, qui avait contribué à la défaite de Lionel Jospin.

Et puis Christiane Taubira a su faire taire les critiques, grâce à son combat en faveur du Mariage pour tous, qui l’a vu affronter une opposition mobilisée et tenace. L’apparition de phénomènes tels que la "Manif pour tous" n’ont en rien entamé sa détermination: la ministre de la Justice a finalement porté cette réforme – l’une des plus symboliques du quinquennat Hollande – jusqu’au bout, pour le plus grand bonheur des défenseurs des droits homosexuels.

En difficulté avec les acteurs de la justice

Auréolé de cette victoire, le bilan de Christiane Taubira a été récemment terni par l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Bien qu’elle n’ait pas commis de faute professionnelle dans ce dossier, la garde des Sceaux a écorné sa crédibilité en assurant qu’elle n’avait pas été informée de ces écoutes, tout en brandissant devant la presse des documents qui affirment le contraire.

S’en est suivi une fronde des avocats qui, combinée à une confiance limitée des juges, a fragilisé sa position vis-à-vis des acteurs du monde de la justice. La polémique autour du procureur général François Faletti n’a rien arrangé: Christiane Taubira est accusée d’avoir exigé la démission du magistrat, considéré comme proche de Nicolas Sarkozy.

La réforme pénale, prochaine bataille de Taubira

Autre point sensible: la réforme pénale qui, sans être enterrée, est empêtrée dans un casse-tête parlementaire. D’autant que le texte avait provoqué des remous au sein-même du gouvernement, rencontrant l’opposition d’un certain… Manuel Valls. Ce dernier semble donc ne pas lui en avoir tenu rigueur.

Mardi, une proche de Christiane Taubira confiait d’ailleurs que seul ce dossier aurait pu laisser un goût d’inachevé. En conservant son poste place Vendôme, la garde des Sceaux pourra ainsi mener une nouvelle bataille, face à une opposition qui l’attend de pied ferme. Finalement, la gauche ne pouvait pas trouver meilleur profil pour incarner ce gouvernement de "combat".

Yann Duvert