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"En colère", Marisol Touraine "regrette que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin"

Marisol Touraine à son arrivée au congrès de la Mutualité française à Nantes jeudi.

Marisol Touraine à son arrivée au congrès de la Mutualité française à Nantes jeudi. - BFMTV

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a exprimé jeudi sa "colère" après la modification par les députés d'une disposition encadrant la publicité pour l'alcool.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a regretté jeudi que "la loi Macron serve à détricoter la loi Evin", et exprimé sa "colère" après la modification par les députés d'une disposition encadrant la publicité pour l'alcool.

"Le vote de cette nuit est un coup dur porté à la santé publique. Je regrette que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin", a déclaré la ministre à son arrivée au congrès de la Mutualité française à Nantes, en ajoutant son souhait que "la suite du débat parlementaire permette de rétablir la loi Evin".

La ministre a souligné que "la loi Evin permet depuis 30 ans d'encadrer, et non pas d'interdire, la publicité pour l'alcool". "Cet équilibre entre les intérêts de santé publique et les intérêts économiques fonctionnait bien. Il ne fallait pas y toucher", a-t-elle estimé, en évoquant les "50.000 personnes qui meurent chaque année des conséquences d'une consommation excessive d'alcool".

"C'est clairement une victoire d'un lobby économique sur l'intérêt général", fustige sur BFMTV le secrétaire général de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA). Le docteur Bernard Basset rappelle que l'alcool est la "deuxième cause de mortalité évitable" et que la publicité est déjà possible.

Un copier-coller d'un texte du lobby du vin

Les députés ont modifié dans la nuit la loi Evin, en refusant de revenir sur un amendement du Sénat distinguant information et publicité sur l'alcool. Cet amendement du sénateur Gérard César (Les Républicains, ex-UMP) adopté début mai par la Haute Assemblée reprend l'argumentaire de la fédération Vin et Société, un puissant lobby constitué de 29 organisations nationales et régionales, comme l'explique France TV info. 

Cet amendement "ne remet nullement en cause, ni l'esprit, ni la lettre de la loi Evin, mais vise à éviter que, dans notre pays, dont la tradition viticole ancestrale s'est fortement imprimée dans la culture, et désormais dans notre économie et dans les rares succès de notre commerce extérieur, il devienne risqué pour un journaliste, un cinéaste ou un romancier d'évoquer nos produits vinicoles ou d'y faire référence", a justifié le député PS de la Gironde Gilles Savary.

Ce n'est "pas une remise en cause totale de la voix Evin", "il s'agit de valoriser nos terroirs, de mettre plus de transparence et de clarifier la situation", a défendu sur BFMTV le député socialiste de la Côte d'Or (département viticole), Laurent Grandguillaume, rapporteur du texte mercredi soir au Palais Bourbon.

Un amendement similaire avait été débattu - et finalement repoussé - au mois d’avril lors de l’examen de l’article 4 du projet de loi santé qui visait à lutter contre l’alcoolisation excessive des jeunes. 

K. L.