Déchéance de nationalité: pour Valls, "une partie de la gauche s'égare au nom des grandes valeurs"

Le Premier ministre Manuel Valls, le 3 novembre 2015. - Thomas Samson - AFP
La polémique sur l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux français ne faiblit pas. Dans le Journal du dimanche, Manuel Valls contre-attaque et affirme qu'une "partie de la gauche s'égare au nom des grandes valeurs", alors qu'une partie de la majorité ne cache pas son opposition à cette mesure.
Pas de quoi effrayer le Premier ministre, qui rappelle sa détermination: "nous irons jusqu'au bout et que chacun à gauche en soit bien convaincu". "Que ceux qui critiquent cette décision se rendent compte", ajoute-t-il, en référence aux attentats qui ont frappé la France en janvier et en novembre.
Dray et Hamon protestent
Manuel Valls répond ainsi aux critiques qui s'élèvent à gauche: dans la même édition du Journal du dimanche, Julien Dray et Benoît Hamon lancent l'offensive contre l'extension de la déchéance de nationalité. "Depuis le discours de François Hollande à Versailles le 16 novembre, je n'ai cessé de dire que cette mesure me semble ouvrir une polémique et des divisions inutiles dans le moment actuel", affirme Julien Dray.
"La France a mieux à faire que de se quereller sur une mesure dont tout le monde sait qu'elle n'est d'aucune efficacité, même symbolique, contre le terrorisme", a ajouté ce proche de François Hollande. "Cela renvoie, par ailleurs, à un principe fondamental : quand elles combattent le terrorisme, les démocraties doivent toujours rester elles-mêmes et se garder de légiférer à chaud".
Quant à Benoît Hamon, ancien ministre de l'Education nationale, il souligne le risque de division qu'induit l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux français: "Cela revient à établir la distinction entre deux citoyens français de naissance suivant qu'ils sont binationaux ou non (…) Le symbole choisi, et quel symbole, envoie à des millions de nos compatriotes le message suivant : vous êtes des Français de seconde catégorie." Et de rappeler que "cette mesure est, selon l'aveu du Premier ministre lui-même, inefficace pour lutter contre le terrorisme".