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Chauffeur, secrétaire particulier... Ce que coûtent les ex-Premier ministres appelés à la "sobriété" par Barnier

Laurent Fabius, Manuel Vals et Bernard Cazeneuve le 4 janvier 2016 à Paris

Laurent Fabius, Manuel Vals et Bernard Cazeneuve le 4 janvier 2016 à Paris - JACQUES DEMARTHON / AFP

Michel Barnier appelle ses prédécesseurs à la sobriété alors que l'État met à leur disposition plusieurs avantages pour un coût total de 1,42 million d'euros. Parmi les plus dépensiers, on trouve notamment Dominique de Villepin et Bernard Cazeneuve.

Des efforts pour tous, y compris ses prédécesseurs. En pleine tempête politique, Michel Barnier qui recherche des économies tous azimuts à appeler ce mardi soir sur TF1 les anciens Premiers ministres à "faire des efforts" pour "être plus sobres".

Si l'actuel locataire de Matignon s'est bien gardé de donner un chiffrage précis sur un éventuel rabotage, les chiffres avancés dans un rapport de la députée Les Républicains (LR), Marie-Christie Dalloz, daté d'octobre dernier devraient lui donner du grain à moudre.

Des frais en hausse de 11%

Les dépenses de l'État liées aux ex-chefs du gouvernement toujours en vie -ils sont actuellement 15- ont augmenté de 11% en 2023. Elles se chiffrent en tout à 1,42 million d'euros en 2023. Ces coûts ne prenaient pas en compte les nouvelles dépenses liées à Gabriel Attal et Élisabeth Borne.

Les anciens Premiers ministres bénéficient en effet d'une prise en charge de certaines de leurs dépenses. Parmi ces avantages, on trouve un véhicule de fonction, un chauffeur, les pleins d'essence ainsi qu'un secrétaire particulier.

La règle ne s'applique cependant pas à ceux qui ont toujours un mandat d'élu ou un poste dans la haute fonction publique. Par exemple, Édouard Philippe, actuel maire du Havre ne bénéficie pas de ce type de service. Même topo pour Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel ou encore Jean Castex, à la tête de la RATP.

De Villepin et Cazeneuve parmi les plus coûteux pour les finances publiques

Parmi les plus dépensiers, on trouve Dominique de Villepin qui a dépensé pas moins de 191.252 euros en frais de personnel et 6.287 euros en frais automobiles en 2023. Aux côtés de celui qui délivre ses "conseils sur le plan géopolitique en France pour l'étranger" comme il l'avait expliqué sur BFMTV en février dernier, on trouve également Bernard Cazeneuve.

L'ex-Premier ministre qui est devenu avocat à August Debouzy, l'un des cabinets les plus prestigieux de Paris, a coûté de son côté 201.387 euros aux contribuables. Jean-Pierre Raffarin qui joue régulièrement le rôle d'émissaire entre la France et des entreprises chinoises n'est pas non plus en reste. Il a dépensé 167.467 euros, au coude-à-coude avec Lionel Jospin (162.012 euros).

François Fillon, toujours en délicatesse avec la justice dans le cadre de la procédure pour l'emploi fictif de son épouse Pénélope Fillon, a mobilisé 125.998 euros tandis que Manuel Valls qui a récemment travaillé pour le Bahreïn, d'après des informations de Médiapart, a coûté 142.599 euros.

Un dispositif limité à 67 ans pour les ex-Premiers ministres depuis 2019

Pour bénéficier de ce type d'avantage, il faut en faire la demande auprès des services de Matignon. Un décret publié en 2019 sous l'égide d'Édouard Philippe prévoit également que la personne qui s'occupe du secrétariat particulier des anciens Premiers ministres est payé par les deniers de l'État "sur une durée maximale de 10 ans" à compter du départ de Matignon.

Ce dispositif est également limité à l'âge de 67 ans, soit l'âge maximal de départ à la retraite dans le droit français.

Mais un tel cadre ne concerne pas les anciens Premiers ministres passés par Matignon avant 2019. Ces derniers bénéficient donc, sans limite d'âge et pour dix prochaines années eux aussi d'une automobile, d'un chauffeur et d'un secrétaire particulier. Édith Cresson, Première ministre au début des années 90, a par exemple coûté 154.730 euros.

Marie-Pierre Bourgeois