Après sa mise en examen, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti est-il fragilisé?

Quelques minutes seulement après la nouvelle, Jean Castex a volé au secours de son ministre. Alors que le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti venait d'être mis en examen pour de possibles conflits d'intérêt avec ses anciennes activités vendredi, le Premier ministre a assuré renouveler "toute sa confiance" à l'ancien avocat, l'invitant à "poursuivre l'action de réforme et de confortement des moyens accordés au service public de la Justice."
Soutien du gouvernement et de l'opposition
Comme le prouve cette sortie de l'homme fort de Matignon, malgré ses démêlés judiciaires, le temps d'Éric Dupond-Moretti au sein du gouvernement ne semble pas compté. En réalité, l'exécutif ne prend pas trop de risques à afficher son soutien, puisque ce maintien ne devrait en réalité pas provoquer de psychodrame politique ni de feuilletonnage sur plusieurs semaines, comme cela fut le cas pour les affaires Benalla et de Rugy.
Vendredi toujours, plusieurs personnalités politiques de l'opposition, dont le Républicain Éric Ciotti, ont également montré leur soutien au ministre. "Quelles que soient nos différences et elles sont importantes, je veux dire ma considération à Éric Dupond-Moretti", a écrit le député.
"Sa mise en examen traduit une profonde dérive dans l’équilibre de nos institutions et pose un réel problème démocratique", ajoute-t-il.
De fait, Éric Dupond-Moretti s'annonce comme un excellent allié pour Emmanuel Macron alors pour les prochaines semaines, alors que devrait débuter la campagne électorale à l'approche de l'élection présidentielle de 2022. "Prise de guerre" du président de la République lors du dernier remaniement, il est un rempart important de par sa popularité et sa verve contre la Rassemblement national.
Revers de la médaille
Pourtant, ce soutien affiché au Garde des Sceaux comporte plusieurs limites. Alors qu'Emmanuel Macron avait été élu sur la promesse de l'exemplarité politique, soulignant même avant son élection qu'un ministre mis en examen ne devrait pas rester au sein d'un gouvernement, le maintien du ministre de la Justice pourrait participer un peu plus à la défiance des Français envers la politique, illustrée par les chiffres de l'abstention lors des dernières régionales et municipales.
Deuxième écueil, un sentiment de traitement de faveur envers ce ministre, populaire certes, mais à l'origine d'une affaire qu'Emmanuel Macron pourrait traîner comme un boulet d'ici la fin de son quinquennat.