Marion Maréchal-Le Pen attendue à une université d'été catholique: "une digue a sauté"

Marion Maréchal Le Pen, le 5 juillet 2015. - Boris Horvat - AFP
La fin du "cordon sanitaire" entre le Front national et l’Eglise? La députée FN du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen est attendue samedi à l'université d'été de la Sainte-Baume, une manifestation organisée par le diocèse de Fréjus-Toulon qui "n'engage pas l'ensemble des évêques de France", a indiqué mercredi l'épiscopat.
La jeune députée frontiste, qui s'affiche volontiers chrétienne, doit participer samedi matin à Plan-d'Aups-Sainte-Baume, dans le Var, à une table ronde intitulée "politique et médias", avec notamment les députés des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer (Les Républicains) et l'ancien député-maire (DVG) d'Ajaccio Simon Renucci, selon le site Internet de l'événement. L'attaché parlementaire de Marion Maréchal-Le Pen, Rémy Rayé, a confirmé sa venue. Selon lui, c'est la première fois qu'elle participe à un événement d'une organisation catholique en tant que femme politique.
Pour Jean-Pierre Denis, le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie, interrogé par RTL, cette invitation témoigne d’un changement d'attitude de l'institution catholique à l'égard du parti d'extrême droite. "C'est quelque chose de tout à fait nouveau", souligne-t-il au micro de la radio. "Depuis que le FN a émergé dans la vie politique, l'Église catholique est sur une ligne sensiblement différente”, explique-t-il.
"Dans les années 80 et 90, l'épiscopat français condamnait de façon très forte les idées du Front national, notamment par rapport aux questions de xénophobie et d'immigration", rappelle le journaliste.
"Parfaitement consciente du symbole"
"Le vent a un peu tourné. Ce n'est pas pour dire que l'épiscopat français banalise le FN. Je pense aujourd'hui qu'une majorité des évêques français doit être hostile à ce dialogue. Mais il y a une forme de mécontentement, ou malaise, chez de nombreux Catholiques par rapport à la politique en général", analyse Jean-Pierre Denis. En participant à cette table ronde Marion Maréchal-Le Pen est pour lui "parfaitement consciente du symbole. Une digue a sauté".
Jean-Pierre Denis estime d’ailleurs que la candidate aux élections régionales de décembre en région Paca devrait être plutôt bien accueillie sur place. "Il y a un courant plus jeune et conservateur, qui a été souvent très mal à l'aise dans tous les débats sociétaux et qui se dit: pourquoi pas discuter?".
L'université d'été de la Sainte-Baume, qui en est à sa cinquième édition, est organisée par l'Observatoire sociopolitique (OSP) de Fréjus-Toulon, fondé en 2005 par l'évêque de ce diocèse, Mgr Dominique Rey, figure plutôt conservatrice de l'épiscopat français, très appréciée notamment dans des courants de sensibilité charismatique voire traditionnelle.
La Conférence des évêques de France s’est toutefois désolidarisée mercredi de cette invitation. L'université d'été de la Sainte-Baume "n'engage pas l'ensemble des évêques de France", a précisé Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la CEF. L'invitation de Marion Maréchal-Le Pen est "une décision diocésaine à laquelle la Conférence des évêques de France n'est pas partie prenante", a-t-il ajouté. La CEF "réaffirme sans varier les valeurs fondamentales de l'Evangile et de la doctrine sociale de l'Eglise: l'accueil de l'étranger, le respect de l'autre, l'attention aux plus fragiles, la solidarité…”, souligne Vincent Neymon. “Elle ne cautionnera jamais un parti politique où toute formation dont les thèses seraient contraires à ces valeurs".