Deux anciens membres du FN accusent un député du parti de harcèlement sexuel

Louis Aliot à la droite de Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 25 octobre 2017. - Thomas SAMSON / AFP
Dans la foulée de l'affaire Weinstein aux Etats-Unis, la vague de libération de la parole des victimes est arrivée jusqu'en France et de nombreux témoignages émanent en particulier de la sphère politique. Dans un reportage diffusé dimanche sur France 5 dans l'émission C Politique, deux anciens membres du FN accusent un actuel député du parti de harcèlement sexuel.
Mickaël Ehrminger a travaillé notamment pour la campagne présidentielle et dirigeait un collectif dédié à la santé, et Alexandre Benoît était l'assistant parlementaire de l'eurodéputée Sophie Montel, proche de Florian Philippot débarquée quelques semaines avant le départ du vice-président du Front national.
"Des gens peut-être totalement innocents"
Interrogé ce mardi sur Sud Radio, Louis Aliot, député FN des Pyrénées-Orientales, a balayé ces accusations. Interrogé sur le fait de savoir s'il fallait "faire le ménage au FN", l'élu a déclaré:
"Ecoutez, le ménage par rapport à quoi? (...) J'ai vu que Closer, qui a sorti cette affaire-là, a pris pour argent comptant les dires d'un ancien assistant qui lui tweete des choses antisémites en faveur de Soral, etc. J'ai trouvé ça curieux", a-t-il déclaré à propos d'Alexandre Benoît, sans le nommer.
Il a ensuite prévenu: "sur ces questions-là, évidemment (qu'il faut faire le ménage). Mais il ne faut pas non plus tomber dans la caricature permanente, où les gens s’accusent les uns les autres sans que la justice soit saisie d’abord, et qu’il n’y ait que le tribunal populaire médiatique qui mette en accusation des gens qui, peut-être, sont totalement innocents de ces choses-là", a-t-il ajouté.
"Massages" et "main aux fesses"
Dans le reportage diffusé sur France 5, dont Closer a repris des éléments, l'ancien assistant parlementaire précise qu'il préfère ne pas citer le député en question pour ne pas s'exposer "aux menaces, aux pressions qui viendront de ce parti".
"Il se permettait des commentaires graveleux et aussi des gestes. Les mains sur les épaules, des massages", a raconté le jeune homme face à la caméra. "L’un de mes collègues se faisait constamment toucher le ventre sous prétexte de vanter son régime. C’était parfois des mains sous la chemise. Moi personnellement ça a été plusieurs fois des mains sur les fesses."
"Vous risquez votre place"
D'après lui, la personne qu'il accuse était connue "pour ça" et aurait fait pression pour empêcher les témoignages. "Il a contacté mon ami pour faire pression en menaçant de dévoiler des photos à caractère privé si d’aventure il lui prenait l’envie, à moi-même ou à la personne, de continuer à dénoncer même anonymement les faits qu’on lui reproche. C’est une photo embarrassante, privée, faite dans le cadre de l’intimité dont on ne sait pas comment ils se la sont procurée", a précisé Alexandre Benoît.
"Si vous avez le malheur de dire quelque chose, vous risquez votre place", a aussi dénoncé Mickaël Ehrminger.
Les auteurs du reportage ont expliqué que le FN considérait ces prises de parole comme une vengeance politique du clan de Florian Philippot contre Marine Le Pen et le parti. Contacté par BFMTV.com ce mercredi, le Front national n'a pas donné suite.
Début novembre, Le Monde révélait aussi que plusieurs femmes accusaient des collègues du FN de harcèlement ou d'agressions. Sur France 3, Marine Le Pen avait répondu qu'elle trouvait l'article en question "scandaleux", estimant qu'il ne s'agissait pas "de harcèlement mais de séparations de deux couples qui se sont mal passées".