Assistants d'eurodéputés FN: un protagoniste-clé de l'enquête entendu par la police

- - LIONEL BONAVENTURE / AFP
Dans l'affaire des emplois fictifs d'assistants d'eurodéputés au sein du Front national, un nom revient à plusieurs reprises: celui de Charles Van Houtte. Décrit comme un personnage central de l'organisation du FN au Parlement européen, il a été entendu fin septembre par la police belge a-t-on appris ce mercredi.
Ce Belge, collaborateur du parti de Marine Le Pen, a été entendu en audition libre par des policiers belges dans le cadre d'une commission rogatoire internationale des juges parisiens, a affirmé l'une de ces sources.
Depuis 2015, les enquêteurs cherchent à savoir si le parti de Marine Le Pen a mis en place un système pour rémunérer des permanents avec des fonds de l'Union européenne, en les faisant rémunérer fictivement comme assistants de ses eurodéputés.
Des modifications de contrats d'assistants parlementaires
Parmi les indices accumulés, les enquêteurs disposent de deux courriels adressés par Charles Van Houtte: en 2012 notamment à Wallerand de Saint Just, trésorier du FN; et en 2014 notamment à Catherine Griset, cheffe de cabinet et assistante parlementaire de Marine Le Pen.
Dans ces courriels, il suggère des modifications de contrats d'assistants parlementaires, dans ce qui ressemble à un jeu de chaises musicales entre assistants et eurodéputés.
Désormais sous le coup d'une procédure de licenciement, Charles Van Houtte était jusqu'à récemment administrateur du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL), auquel appartient le FN au Parlement européen, après avoir été assistant parlementaire de Marine Le Pen et de son compagnon Louis Aliot.
17 eurodéputés ou ex-eurodéputés FN visés par l'enquête
"C'est devenu trop compliqué pour eux de continuer avec Charles Van Houtte, mais s'ils l'ont gardé sous respiration artificielle aussi longtemps alors qu'il n'était pas compétent, c'est que vraiment il doit savoir des choses", a affirmé à l'AFP une source ayant travaillé pour le FN au Parlement européen.
Dix-sept eurodéputés ou ex-eurodéputés FN sont visés par l'enquête, qui porte sur au moins une quarantaine d'assistants. A ce jour, six personnes sont poursuivies. Marine Le Pen a été mise en examen fin juin pour abus de confiance. Wallerand de Saint Just a été placé en garde à vue en septembre puis laissé libre.
Le préjudice pour le Parlement européen s'élèverait, d'après les propres estimations de l'institution, à près de 5 millions d'euros de 2012 à 2017.