François Ruffin a créé son micro-parti, "Picardie Debout!"

François Ruffin le 15 février - Jean-Pierre Clatot - AFP
Beaucoup l'interpréteront comme une prise de distance, une "émancipation". Le 12 février, le député La France insoumise de la Somme, François Ruffin, a déposé le nom de son micro-parti, "Picardie Debout!", au Journal officiel. C'est La Lettre A qui en a fait la révélation vendredi.
Cette formation reprend donc la bannière sous laquelle le journaliste avait fait campagne lors des législatives. Dans l'objet de la déclaration faite auprès de la préfecture de la Somme, Picardie Debout! se fixe comme premier objectif de "favoriser les réflexions philosophiques, économiques, sociales et politiques localement, nationalement et internationalement".
"Présentation de candidats à toutes élections"
La suite du cahier des charges du micro-parti de François Ruffin est plus intéressante:
"Contribuer à l'élaboration, la communication et la mise en discussion publique des idées de ses membres et celles que ses membres souhaitent faire connaître; faire prospérer le vivre-ensemble politique, la convivialité citoyenne et la solidarité militante; faire vivre la démocratie par tous moyens: organisation de soirées, débats, conférences, mais également publications ou présentation de candidats à toutes élections."
Cette dernière précision ne permet pas de déduire une volonté du député-reporter de prendre une quelconque distance politique avec Jean-Luc Mélenchon. Elle certifie néanmoins les ambitions de Picardie Debout! d'être une force politique autonome, ne serait-ce que dans le département de la Somme.
Association de financement
Pour cela, et comme toute formation politique, le micro-parti de François Ruffin a été doté d'une association de financement, également déclarée au Journal officiel le 12 février.
L'entourage de l'élu LFI a précisé auprès de Libération que le siège social de Picardie Debout! initialement domicilié à la permanence parlementaire de François Ruffin, serait transféré au domicile d'Isabelle Guyot, présidente de l'association de financement.
Au sein de LFI, on affirme que cette association a été créée avant tout pour recueillir les droits d'auteurs perçus grâce aux ventes de Ce pays que tu ne connais pas, le livre-pamphlet récemment écrit par le député picard.
"Il faut jouer collectif"
"Je suis à la fois ici et ailleurs, je fais un peu bande à part", a d'ailleurs écrit François Ruffin dans ce brûlot dirigé contre Emmanuel Macron. Depuis le début de son mandat, le rédacteur en chef de Fakir s'est régulièrement singularisé au sein du groupe LFI, que cela soit à l'occasion de mobilisations sociales ou dans le cadre de débats idéologiques plus larges. L'épithète "électron libre" lui sied, écrit-il dans son ouvrage.
Bientôt, son prochain documentaire intitulé J'veux du soleil, qui portera sur le mouvement des gilets jaunes et qui doit sortir en salles le 3 avril, lui attirera à nouveau la lumière médiatique. Aucun divorce à l'horizon néanmoins, jure l'entourage de Jean-Luc Mélenchon.
"François Ruffin est un ami, je ne veux pas lui prêter des intentions qu'il n'a pas. À chaque fois que j'en parle avec lui, il me montre qu'il n'a pas d'ambitions personnelles", soupire le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière auprès de BFMTV.com.
D'après lui, la création de ce micro-parti est purement "circonstanciée". Et le lieutenant insoumis d'ajouter une précision: "En politique, il faut jouer collectif, c'est ce que m'a appris Jean-Luc Mélenchon. Il n'y a pas d'avenir hors des combats collectifs, même si chacun a sa spécificité."