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François Hollande prend le virage assumé de l'impopularité

Entre envolée du chômage, plans sociaux, croissance en berne et hausses d'impôts du budget 2013, de noirs nuages assombrissent l'automne de François Hollande, qui paie en impopularité les doutes des Français sur sa capacité à faire face. /Photo prise le 2

Entre envolée du chômage, plans sociaux, croissance en berne et hausses d'impôts du budget 2013, de noirs nuages assombrissent l'automne de François Hollande, qui paie en impopularité les doutes des Français sur sa capacité à faire face. /Photo prise le 2 - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Entre envolée du chômage, plans sociaux, croissance en berne et hausses d'impôts du budget 2013, de noirs...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Entre envolée du chômage, plans sociaux, croissance en berne et hausses d'impôts du budget 2013, de noirs nuages assombrissent l'automne de François Hollande, qui paie en impopularité les doutes des Français sur sa capacité à faire face.

Lors de la réunion d'agenda du matin à l'Elysée, à laquelle le président de la République assiste chaque lundi, il n'a été officiellement question ce jour que "des grandes échéances à venir", à commencer par son intervention aux Nations unies, mardi à New York, une première pour le président socialiste au sein d'une instance mondiale de cette dimension.

Les conseillers élyséens ne sauraient cependant manquer d'analyser les moyens de freiner, à défaut de stopper, l'effritement à grande vitesse du capital de sympathie présidentiel auprès des Français.

François Hollande a subi en un mois une chute importante jusqu'à se retrouver sous la barre des 50% de satisfaits dans plusieurs sondages.

La baisse est de 11 points dans une enquête Ifop pour le Journal du dimanche, à 43% de satisfaits, tandis que son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, perd sept points, à 50%. Un niveau plancher pour le président depuis son élection le 6 mai dernier, tous sondages confondus.

Lors d'un déplacement samedi en Allemagne, François Hollande a dit vouloir être jugé sur son action plutôt qu'en fonction des "hauts et des bas" des cotes de popularité.

"Ce qui compte, c'est le cap qui est fixé, les moyens de l'atteindre et la force que l'on met pour obtenir les résultats", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière Angela Merkel.

"Les débuts de mandat sont forcément une période où les attentes sont considérables. Les fins de mandats sont des temps où des résultats sont demandés", a-t-il dit. "Je demande à être jugé sur les résultats et ça prendra la temps nécessaire".

Le 9 septembre sur TF1, il a donné deux ans à son "agenda du redressement" pour porter ses fruits.

L'exécutif se prépare donc à une longue période de désamour avec l'opinion sur fond de crise "d'une gravité exceptionnelle", selon les termes présidentiels.

"PAS D'ÉCHAPPATOIRE"

"On risque d'aller dans une dynamique de très basse popularité -les mauvaises nouvelles vont continuer à arriver et il n'y a pas d'échappatoire", a dit à Reuters Daniel Boy, du centre de recherche de Sciences Po (Cevipof). "Et ça va rendre encore plus difficile les décisions sur la rigueur".

Les mauvaises nouvelles ne manquent pas. Aux difficultés économiques vient s'ajouter la crise provoquée par le refus des élus écologistes de voter le traité européen sur la stabilité financière.

A son retour des Etats-Unis, François Hollande présidera vendredi un conseil des ministres consacré à un budget 2013 qui demandera aux Français 20 milliards d'euros d'efforts. "Une boussole, un cap qui permet de savoir où l'on va", selon la définition du ministre des Finances, Pierre Moscovici.

Le gouvernement espère que l'opinion sera sensible au sens de la justice des mesures présentées, mais rien ne dit que cela se traduira par une remontée dans les sondages.

"Quand un gouvernement et un président de la République s'apprêtent à présenter un budget comme celui-là, ils ne s'imaginent pas gagner 11 points dans les sondages", expliquait Najat Vallaud-Belkacem lundi matin sur RMC et BFM-TV.

Pour la porte-parole du gouvernement, "il n'y a rien de bien surprenant quand on prend des décisions responsables, qui ont été longtemps repoussées par d'autres, à en subir les effets dans les enquêtes d'opinion. Mais nous, nous sommes pour être jugés sur les résultats, pas par les sondages".

L'entourage du président espère de son côté que ce budget, "très ancré dans la justice fiscale", qui fera porter les efforts sur les grandes entreprises et les plus aisés en préservant PME, emploi et logement donnera aux Français "un sentiment qu'il y a un desserrement de la contrainte et un effort basé sur la solidarité".

Dans son analyse du sondage paru dans le JDD, le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, parle de "désenchantement" vis-à-vis de François Hollande, mais pas de sentiment de "trahison" des Français. "C'est un aspect positif de cette vague. Il y a encore un crédit pour Hollande", dit-il.

Un membre de l'entourage du président dit comprendre que ses concitoyens demandent des comptes au locataire de l'Elysée.

"Elu au suffrage universel direct, le président est en première ligne de facto", dit-il. "L'unique référent, c'est lui".

Avec Mark John, édité par Patrick Vignal