François Hollande fustige une hausse de TVA "inutile"

François Hollande a répliqué lundi à la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy en fustigeant la décision "inopportune, injuste, infondée et improvisée" de relever le taux de TVA en France de 19,6% à 21,2% le 1er octobre pour favoriser l'emploi. /Photo pr - -
par Elizabeth Pineau
BREST, Finistère (Reuters) - François Hollande a répliqué lundi à la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy en fustigeant la décision "inopportune, injuste, infondée et improvisée" de relever le taux de TVA en France.
Au président de la République qui l'a pris dimanche soir pour cible à plusieurs reprises, sans le nommer, lui reprochant de vouloir vendre "des rêves à bon marché", le candidat socialiste à l'élection présidentielle a demandé de ne pas confondre courage et impopularité.
Réagissant à ces attaques, au terme d'une visite dans le Finistère sur le thème de la défense, François Hollande a d'abord dénoncé la décision présidentielle de faire passer de 19,6% à 21,2% le taux "normal" de TVA le 1er octobre pour favoriser l'emploi.
"Je la considère comme inopportune, injuste, infondée et improvisée, ça fait beaucoup", a dit François Hollande lors d'une conférence de presse à Brest. "Et c'est pourquoi, si les électeurs en décident et si demain je suis appelé aux responsabilités du pays et si d'aventure le dispositif avait été adopté, je demanderai au Parlement de l'annuler".
Le député de Corrèze juge "inopportun" de relever ce taux alors que le gouvernement vient d'abaisser de 1% à 0,5% sa prévision de croissance pour 2012 - 0,5% étant la base prise par le candidat socialiste pour élaborer son programme.
A ses yeux, "ce n'est pas en baissant de quelques points les cotisations patronales sur toutes les entreprises qu'il y aura quelque progrès que ce soit sur notre commerce extérieur".
François Hollande a jugé d'une manière générale trop tardif le train de mesures annoncé par le chef de l'Etat. "Chacun se déclare quand il le veut mais moi je le fais avec le souci de dire tout aux Français", a-t-il souligné.
VISITE AU "TRIOMPHANT"
"Ceux qui ont un bilan doivent le présenter et ne pas faire croire que ce sont des annonces de dernière heure qui vaudront remplacement de leur bilan. L'action est jugée sur l'ensemble de la durée, pas sur le dernier mois ni même sur le dernier jour", a-t-il dit.
Alors que l'UMP commence à faire campagne sur le thème du courage en attendant l'entrée en lice officielle de Nicolas Sarkozy, François Hollande a conseillé à ce dernier de ne pas confondre courage et impopularité.
"En fin de mandat, l'impopularité ne révèle pas le courage", a-t-il dit. "En fin de mandat, elle révèle la défiance des Français à l'égard de ceux qui les dirigent. Il est périlleux de vouloir transformer l'impopularité en courage".
François Hollande a aussi répondu aux accusations d'"arrogance" liée à sa place de leader dans les sondages.
"J'ai été qualifié de beaucoup d'adjectifs depuis un certain nombre de mois", a-t-il noté à propos de ce "nouveau vocabulaire, élaboré semble-t-il en haut lieu".
"Ce qui compte ce n'est pas le jugement de Nicolas Sarkozy ou d'autres", a-t-il ajouté. "C'est le jugement des Français. C'est eux qui vont avoir la parole, c'est à eux de savoir qui est arrogant et qui ne l'est pas, qui est efficace et qui ne l'est pas, qui est sincère et qui ne l'est pas, qui est courageux et qui ne l'est pas".
François Hollande a visité dans la matinée la base de l'île Longue, au large de Brest, qui abrite la base des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. Il a visité l'un de ces bâtiments ultra-secrets.
"Si je vous donne le nom, vous allez croire que je tombe sous le reproche de mes concurrents: il s'appelle 'le Triomphant' ! Je n'ai pas pu trouver le modeste", a-t-il plaisanté. "J'aurais même pu être sur le Redoutable !"
Bernard Poignant, maire de Quimper, soutien du premier jour, s'est quant à lui voulu prudent.
"François Hollande est dans une situation agréable, mais il n'a jamais été ni découragé ni euphorisé par un sondage. S'il avait suivi les sondages il y a trois ans, jamais il n'aurait commencé son parcours... ", a-t-il dit à Reuters.
Edité par Patrick Vignal