Florange : rencontre sous tension entre Ayrault et les syndicats

Le site ArcelorMittal à Florange. - -
La rencontre s’annonce tendue ce mercredi après-midi. Jean-Marc Ayrault reçoit les syndicalistes de Florange à Matignon à 18h, pour discuter de l’accord entre le gouvernement et ArcelorMittal.
Un accord qui a été dévoilé en partie mardi sur le site du quotidien Le Monde et qui confirme les craintes des syndicats. Sur les 180 millions d'euros promis pour le site lorrain, moins d'un tiers concernerait des investissements stratégiques. Le document confirme aussi que les hauts fourneaux seront arrêtés au printemps 2013 ce qui signe leur mort selon les syndicats et rend impossible la mise en place du projet Ulcos sur le site lorrain. L'accord confirme enfin qu’une partie du site de Basse-Indre (Loire-Atlantique) sera transférée vers celui de Florange.
« Le gouvernement a abandonné la partie »
Pour le secrétaire général FO du site de Florange, Walter Broccoli, Mittal a gagné sur toute la ligne : « Pour nous là, il y a que du vent, il n’y a pas d’accord. C’est exactement ce qu’il avait l’intention de faire, c’est ça qu’il faut comprendre. Il voulait arrêter les hauts fourneaux, il va les arrêter le 1er avril. Il ne voulait pas investir, (il y aura) très peu d’investissements pour l’avenir. Il voulait des suppressions d’emploi, il fait des suppressions d’emploi, on n’a pas parlé de licenciements mais les suppressions d’emploi, il les fait. Qu’est-ce qu’il y a dans cet accord ? Rien, à part sortir de la rue 150 salariés, c’est le seul point positif. Tout le reste, les 400 intérimaires licenciés, les entreprises qui ont mis la clé sous la porte, ça, c’est acquis, et on ne peut rien faire pour eux puisque le gouvernement a abandonné la partie et qu’il nous a laissé tomber ».
« On n'a pas de soutien »
Amer, le syndicaliste craint pour la suite : « C’est difficile maintenant, on n’a pas de soutien. On avait le soutien du gouvernement, c’est ce qu’on pensait. Tout seul, une poignée d’ouvriers en Lorraine, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Jusqu’à présent on se sentait plus ou moins soutenus par le gouvernement mais ils nous ont laissé tomber. Vers qui on peut se tourner ? Je ne vois pas bien ce qu’on peut faire aujourd’hui ». Walter Broccoli compte bien plaider pour une nationalisation de l'usine. Une nationalisation qui coûterait 1 milliard d'euros selon le député PS, Olivier Faure : « On parle de 400 millions d'euros, c'est un projet qui est en réalité bien plus coûteux parce que les 400 millions c'est l'investissement nécessaire pour remettre en marche les hauts fourneaux », a expliqué sur RMC l'élu de Seine-et-Marne. Il a aussi indiqué qu'il n'y avait pas eu d'offre ferme pour la reprise du site de Florange.
« Le meilleur arrangement possible »
Pourtant, certains estiment que l’accord est acceptable. « On ne peut pas éternellement faire marcher des entreprises qui ont des prix de revient trop élevés par rapport au marché mondial, estime Jean Augeard, administrateur du Medef Moselle. Si je fabrique à Florange des produits qui sont plus chers, au bout d’un moment ça ne marche plus ».
Hervé Lambel, président du Cerf (Créateurs d’emploi et de richesses de France) juge aussi l’accord satisfaisant : « Le premier point c’est d’avoir trouvé un terrain d’entente avec M. Mittal et donc d’avoir eu la sagesse de ne pas aller jusqu’à la nationalisation. Le deuxième point positif c’est d’avoir sauvé les 620 emplois du site de Florange. Aujourd’hui, on a un groupe qui cherche à réorganiser sa production. On ne peut pas dire qu’on va tout conserver en l’état, nous n’avons pas la demande de production d’acier dans le monde que l’on avait auparavant, donc ce serait de la folie. Ils ont trouvé le meilleur arrangement possible ».