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Européennes: l'indécision, premier parti de France à 3 jours du scrutin

Une urne - Image d'illustration

Une urne - Image d'illustration - AFP

A l'heure actuelle, seuls 46% des inscrits se disent sûrs de se rendre aux urnes et parmi eux, 35% estiment pouvoir encore changer d'avis.

Tout est encore possible? Si l'on en croit les derniers sondages, la hiérarchie de l'élection européenne semble établie, LaREM et le RN caracolant largement en tête des intentions de vote. Mais de nombreux observateurs préviennent que la versatilité de l'électorat pour le scrutin continental reste une inconnue de taille à prendre en compte. 

La participation en est une première. Selon notre dernier sondage Elabe pour BFMTV, seuls 46% des inscrits se disent sûrs de se rendre aux urnes dimanche et parmi eux, 35% estiment pouvoir encore changer d'avis avant l'échéance du 26 mai. En l'espace de plusieurs semaines, le taux de participation a pourtant augmenté de 5% et avoisine désormais celui de l'élection de 2014, lorsque seuls 42% des inscrits s'étaient déplacés. 

"C’est une proportion considérable. Compte tenu de la répartition des dernières intentions de vote, il y a deux listes au coude-à-coude. Il n’y a qu’un tiers des Français qui est certain d’aller voter mais qui peuvent malgré tout encore changer d’avis, on voit bien que tout reste possible, notamment en ce qui concerne l’ordre dimanche soir prochain", souligne sur notre antenne Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique à l’institut Ipsos.

Indécision prégnante chez les électeurs de gauche 

Dans le détail, les différences au niveau de la participation sont visibles en fonction des catégories socio-professionnelles. Ainsi, selon différentes enquêtes, les retraités seront bien plus nombreux que les ouvriers à se déplacer jusqu'aux urnes.

"C'est encore plus vrai car c’est un scrutin qui ne passionne pas les foules. Cette année, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une véritable campagne électorale, elle a commencé très très tard pour cause de crise des gilets jaunes, d’un grand débat national qui n’en finissait pas de s’achever. Elle est véritablement rentrée dans le vif du sujet il y a une quinzaine de jours", souligne encore Stéphane Zumsteeg.

Niveau politique, le clivage est également visible. En ce qui concerne les potentiels électeurs de LaREM et du RN, le doute ne semble pas vraiment être de mise. En revanche, à gauche, les électeurs hésitent encore. Chez les partisans d'EELV, représenté par Yannick Jadot, ils sont 46% à estimer pouvoir encore changer d'avis. Ils sont 40 et 35% dans le même cas du côté des soutiens de Benoît Hamon et de la France insoumise.

Les doutes des Français 

Pour notre éditorialiste politique Christophe Barbier, cette indécision peut trouver son explication dans le doute des Français dans le contexte actuel. "Il y a l’interrogation des Français sur deux points fondamentaux: est-ce que tout cela est utile? Faut-il vraiment aller voter? Est-ce que tout cela ne se termine pas par une dilution démocratique et un renfort technocratique? En gros, est-ce qu’un vote pour des députés européens peut changer notre vie quotidienne?"

Mais ce dernier tient à relativiser. Pour lui, les Français ont "compris que l’échelon national n’est pas le bon, il faudrait savoir ensuite ce qui va se passer pour constituer une majorité européenne. Veut-on donner du crédit à ceux qui veulent démonter l’Europe, où à ceux qui veulent continuer dans ce chemin? Il n’y a plus de partisans du Frexit, mais des partisans d’une Europe d’une autre forme", conclut-il. 
Hugo Septier