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Europe : « l’oubli » de François Hollande

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -

On ne dit pas tout aux Français sur l’Europe ! Pendant que le gouvernement mobilise toute son énergie à faire voter le traité budgétaire européen par le maximum de députés socialistes, les autres pays européens construisent l’Europe de demain… sans que les Français ne le sachent.

C’est à peu près ça. Les députés socialistes qui envisagent de voter non ou de s’abstenir mardi prochain font l’objet de toutes les attentions, de toutes les pressions. Combien seront-ils ? 10, 15, 20 ? La majorité de 289 députés sera-t-elle acquise sans les voix de la droite ? Coup de téléphone, SMS, réunions, invitation à déjeuner, promesse des subventions, de coup de main pour faire avancer tel ou tel dossier de la circonscription, que d’énergie dépensée pour un traité signé le 2 mars dernier. Et bien figurez-vous que pendant ce temps-là, nos partenaires européens préparent le futur traité… Un traité qui devrait être annoncé en décembre, un traité fédéral face auquel nos débats paraitront d’un autre âge.

Encore un nouveau traité ?

Oui, le traité budgétaire a toujours été imaginé comme une étape. Ce qui est en préparation, je cite le mandat confié aux trois plus grands dirigeants européens, le président du Conseil, de la Commission et de la Banque centrale, c’est « l’intégration politique, financière, budgétaire et économique de la zone euro », c'est-à-dire une Europe à 17.

Mais la France n’est pas au courant ?

Bien sûr que si. Elle a donné aussi ce mandat le 23 mai, juste après l’élection de François Hollande. Et en juin, Angela Merkel a confié à François Hollande que l’Europe abattra ses cartes en décembre. Mais le président ne nous a rien dit, les Français sont trop occupés à débattre du traité d’il y a 6 mois. Pendant ce temps, un groupe de travail a préparé un document intermédiaire dévoilé il y a quelques jours. La France a participé à ce groupe de travail sur « le futur de l’Europe », en qualité d’observatrice seulement ! Et ce groupe, présidé par le ministre allemand des Affaires étrangères, évoque la création d’une armée européenne, la mutualisation des dettes publiques, la création d’un Sénat de l’Europe et l’élection du président de la Commission au suffrage universel ! Alors tout cela n’est qu’un projet, un rapport d’étape, mais la France, qui devrait être au centre de cette réflexion, n’est que sur un strapontin.
François Hollande, le fils spirituel de Jacques Delors, suit ce dossier de très près mais il n’a pas encore trouvé l’occasion d’en parler aux Français.

Et puis hier à l’assemblée, lors du premier débat sur l’Europe justement, une révélation… Jean-Louis Borloo est de retour.

Oui, c’est bien simple hier le chef de l’opposition c’était lui, grâce à un numéro d’imitation de François Hollande : « Bonjour, je me présente, je suis le président nouvellement élu, avec mon ministre des Affaires étrangères, on vient pour renégocier le traité », s’est-il amusé. « Médusés, les européens, ajoute-t-il, avant de reprendre son imitation : "Il faut qu’on négocie quelque chose, un point, une virgule, j’ai promis". Monsieur Hollande, c’est impossible ».
Un discours qui a fait applaudir le nouveau chef du centre par l’UMP. Décollage réussi pour Jean-Louis Borloo qui veut devenir maire de Paris et qui demande à l’UMP de le soutenir en gage de la futur alliance de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017.

Pour écouter les Coulisses de la Politique de Christophe Jakubyszyn du mercredi 3 octobre, cliquez ici

Christophe Jakubyszyn