"On va te renvoyer la dose que tu mérites": Marine Tondelier confirme avoir reçu un SMS menaçant de Jean-Luc Mélenchon

Révélé par le livre La Meute, la patronne des écologistes a reçu un violent texto de la part du fondateur de La France insoumise (LFI) en pleine recherche d'un candidat pour une légistative partielle à Grenoble en 2024. "On n'a pas eu beaucoup d'échanges depuis", explique encore Marine Tondelier.

Une enquête au vitriol sur LFI qui fait réagir à gauche. Après la sortie du livre La Meute qui décrit un parti tout entier tourné vers son fondateur qui n'hésite pas à manier la violence verbale, Marine Tondelier confirme avoir reçu un texto attribué à Jean-Luc Mélenchon en octobre 2024.

Il est révélé dans l'ouvrage des journalistes Olivier Pérou et Charlotte Belaïch dans lequel on peut lire son contenu: "Je vais te mettre la dose que tu mérites".

"Oui, mais il y a un mot qui n'est pas le bon. Le SMS, c'était 'on va te renvoyer la dose que tu mérites'", a expliqué la secrétaire nationale des écologistes sur France 2 ce mercredi matin.

"Pas comme ça que devrait fonctionner un parti"

Le contexte: les tensions entre LFI et le reste de la gauche à l'automne dernier autour de l'élection d'une législative partielle à Grenoble. La candidate du Nouveau front populaire pour Matignon Lucie Castets faisait alors figure de favorite pour représenter la gauche.

Mais elle avait expliqué qu'elle ne souhaitait pas s'inscrire au sein d'un seul groupe à l'Assemblée et comptait en changer régulièrement. Un vrai casus belli pour LFI alors que la circonscription était jusque-là détenue par un membre de son camp, Hugo Prévost, accusé de violences sexuelles.

Des SMS rageurs

Proche de Lucie Castets, Marine Tondelier avait alors dénoncé le 21 octobre dernier sur le plateau de France 3 "les méthodes de bourrin" des Insoumis. De quoi agacer Jean-Luc Mélenchon qui s'était donc fendu de ce message.

"Si vous voulez que je vous dise ce matin que j'ai un problème parfois avec Jean-Luc Mélenchon, avec la manière dont fonctionne LFI, que je ne trouve pas que c'est comme ça que devrait fonctionner un parti, je peux vous le dire", explique avec le recul Marine Tondelier ce mardi matin.

"On n'a pas eu beaucoup d'échanges depuis ce texto. J'avais répondu évidemment parce qu'il y avait eu tout un échange avant comme ça se passe souvent avec Jean-Luc Mélenchon", précise-t-elle encore.

La Meute décrit un système clanique autour de Jean-Luc Mélenchon et de sa compagne, la députée Sophia Chikirou. L'atmosphère dans le mouvement est décrite comme irrespirable et toute divergence considérée comme un motif d'éviction.

Parmi les outils utilisés, de nombreux SMS sont évoqués dans l'ouvrage, notamment visant Raquel Garrido et Alexis Corbière, longtemps très proches de l'ex-candidat à la présidentielle. L'histoire s'est finie brutalement avec un message lapidaire à l'endroit du député de Seine-Saint-Denis: "Ne m'adresse plus jamais la parole".

La relation entre le couple et le parti s'était largement distendue après la présidentielle, débouchant sur leur absence au sein du bureau du mouvement en 2023. Leur tort: avoir critiqué le fonctionnement du parti, regrettant un manque de démocratie interne.

"Je suis à la tête d'un parti qui fonctionne de manière très très différente. Et il est net que les écologistes ont fait un choix différent de fonctionnement, de méthode", défend de son côté Marine Tondelier, pourtant elle-même visée pour des accusations de "concentration des pouvoirs" au sein des Écologistes.

Un livre de "fiction" pour Bompard

Du côté de LFI, on banalise la sortie de cet ouvrage qui s'inscrit dans une longue série d'ouvrages racontant les coulisses de la Mélenchonie. "Ce livre, je pense que c'est une fiction", a expliqué Manuel Bompard le coordinateur national de LFI ce mardi soir sur BFMTV.

"On dépeint des militants LFI comme des gens qui ne penseraient pas, qui ne réfléchiraient pas", "et bien non, ça ne correspond pas à la réalité, ce n'est pas comme ça que ça marche", a encore assuré ce très proche de Jean-Luc Mélenchon.

Même son de cloche pour la présidente des députés LFI. "Beaucoup de faits rapportés dans ce livre sont faux, ce sont des mensonges", a avancé Mathilde Panot lors de son point-presse hebdomadaire ce mardi.

Marie-Pierre Bourgeois