Et pendant ce temps là, dans le désert d'Atacama… François Hollande

Les résultats du premier tour de la primaire sont riches d’enseignements. Le large score de Benoît Hamon, qui affrontera Manuel Valls dimanche prochain, concrétise d’abord l’existence de deux lignes au sein du Parti socialiste, l’une plus à gauche et dans la rupture, l’autre plus réformiste et dans la lignée de l’action du quinquennat. Le score marque aussi la victoire de la première ligne, au détriment de la deuxième. Mais surtout, il cristallise la défaite de François Hollande, le fantôme de ce scrutin.
Au moment de l’annonce des résultats, le président se trouvait d’ailleurs en plein paysage lunaire, dans le désert d’Atacama, au Chili. Drôle de symbole, qui lui a d'ailleurs valu d'être accusé d'"abandon de poste" par François Kalfon, le directeur de campagne d'Arnaud Montebourg.
"Au sens propre, pas au sens figuré, il est passé du théâtre au désert", a-t-il déclaré sur BFMTV. "Eh bien malgré tout, malgré cet abandon de poste si j'ose dire, le peuple de gauche était présent, et présent significativement, malgré un quinquennat dont on voit qu'il a empêché le président de la République de se présenter. Donc la gauche est bien vivante", a estimé François Kalfon.
Gauche "égarée"
Arrivé troisième dimanche soir, Arnaud Montebourg a appelé à voter pour Benoît Hamon. A eux deux, les ex-ministres devenus frondeurs totalisent presque 55% des voix. Vincent Peillon, qui affichait à son arrivée dans la campagne sa solidarité avec le bilan du quinquennat, a été envoyé dans la lune lui aussi, avec 6,8% des voix. Et les candidats, vainqueurs ou perdants, sont bien conscients de cette dichotomie.
"Entre 5 à 6 électeurs sur 10 ont voulu que la gauche interrompe sa dérive", a déclaré Arnaud Montebourg lors de son discours après l’annonce des résultats. "Ce résultat dit des choses sur la déception du quinquennat", a-t-il lâché.
En finir avec "la vieille politique"
Selon lui, les électeurs ont condamné le quinquennat de François Hollande, et ont voulu que la gauche comme "la rivière sortie de son lit (...) égarée, retrouve son cours naturel" et "refusé de considérer que l'avenir du pays se jouerait sur les questions d'identité". Benoît Hamon, lui, a plaidé pour "en finir avec les vieilles recettes, la vieille politique, ces vieilles solutions qui ne marchent plus".
Plutôt discret depuis son départ du gouvernement, Benoît Hamon peut incarner une certaine forme de renouveau, dans une campagne qui s’est faite sans François Hollande mais surtout contre lui. Lors du premier débat précédant la primaire, le ton avait été donné par les candidats, à qui l’on a demandé de qualifier le quinquennat d’un mot.
Hamon, "pas grand-chose" pour Hollande
"Difficile à défendre", "peut mieux faire", "contrasté", "sentiment d’inachevé", ont égrené Arnaud Montebourg, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy et Benoît Hamon. Vincent Peillon n’avait pas été plus tendre, évoquant une "profonde incompréhension avec le pays". Seuls Manuel Valls et Sylvia Pinel s’étaient démarqués, le premier citant la "fierté", la deuxième choisissant le terme de "responsabilité".
François Hollande leur a d’ailleurs rendu la pareille, car s’il a souhaité officiellement se tenir à l’écart de la campagne, allant donc jusqu'à ne pas voter au premier tour, ses proches ont rapporté ses avis bien tranchés sur les candidats, y compris ceux qui jugeaient son bilan avec le moins de sévérité. Pour le président, Vincent Peillon n’était pas préparé et Manuel Valls a tourné en rond. Quant à Benoît Hamon, le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme révèle que François Hollande, en mars 2015, voyait en lui "pas grand-chose".